Le gouvernement britannique a qualifié de «spéculations» les informations de presse vendredi selon lesquelles le rapport d'enquête sur le «Bloody Sunday», qui doit être publié mardi, va qualifier de «meurtres» les décès de plusieurs des 14 civils tués.

Après douze ans de travaux, la commission «Saville» doit publier son rapport sur l'enquête publique menée sur les événements du 30 janvier 1972, où 14 manifestants catholiques avaient été tués par l'armée britannique.

Le quotidien britannique The Guardian a écrit vendredi qu'un «certain nombre» des décès allaient être qualifiés de «meurtres» dans le rapport, mettant «sous pression le parquet d'Irlande du Nord pour lancer des poursuites contre des soldats».

«Des spéculations de ce genre ne peuvent qu'ajouter au stress et à l'anxiété de ceux qui sont le plus directement concernés par tout cela --les familles de ceux qui ont été tués et blessés et les soldats qui ont attendu longtemps ce rapport», a déclaré à l'AFP une porte-parole du Northern Ireland Office, qui représente les autorités britanniques en Irlande du Nord.

«Le rapport Saville va être publié dans quelques jours et tout le monde pourra le lire», a-t-elle ajouté.

Le 30 janvier 1972 à Londonderry, quatorze hommes désarmés avaient été abattus par des parachutistes britanniques, au cours d'une manifestation pour la défense des droits civiques des catholiques.

Une première enquête éclair à l'époque du drame avait blanchi l'armée britannique et donné crédit à la version militaire des faits, selon laquelle les soldats n'avaient fait que riposter au feu des manifestants.

Sous la pression de l'opinion et des familles des victimes, le premier ministre britannique Tony Blair avait confié en 1998 au juge Mark Saville le soin de faire toute la lumière sur les événements controversés.

«J'ai dit alors au premier ministre que si on s'écartait d'un millimètre de cette conclusion (de la première enquête, ndlr), on entrerait dans le territoire de l'homicide involontaire, voire du meurtre», a expliqué au Guardian Lord Trimble, ancien chef du Parti unioniste d'Ulster et l'un des architectes de l'accord de paix dit du «Vendredi saint» en 1998. Il a dit avoir ajouté que cela «pourrait conduire des soldats dans le box des accusés».

Les accords du «Vendredi Saint» ont mis fin aux «Troubles», violences intercommunautaires ayant opposé pendant une trentaine d'années catholiques indépendantistes et protestants unionistes, qui avaient fait quelque 3 500 morts.