Le parti anti-islam de Geert Wilders, qui passe de 9 à 24 sièges, était considéré jeudi comme le grand vainqueur des élections législatives aux Pays-Bas alors que les négociations en vue de la formation d'une coalition gouvernementale s'annonçaient difficiles.

Arrivé troisième derrière les libéraux de Mark Rutte, qui obtiennent 31 sièges, et les travaillistes de Job Cohen, qui totalisent 30 des 150 sièges de la chambre basse, le Parti pour la liberté (PVV) de M. Wilders a créé la surprise mercredi soir.

«À La Haye maintenant, on est obligé de compter avec nous», a déclaré Geert Wilders, 46 ans, aux militants de son parti en liesse: «nous voulons vraiment entrer au gouvernement», a-t-il affirmé.

Créé par Geert Wilders après son départ du parti libéral VVD de Mark Rutte en 2004, le PVV a fait son entrée au parlement de La Haye en 2006. Arrivé deuxième aux élections européennes de 2009, il détient cinq des 25 sièges de députés néerlandais à Strasbourg.

Aux municipales du 3 mars, présent dans deux villes seulement, il gagnait son pari : il arrivait en tête à Almere, ville-dortoir de 190.000 habitants près d'Amsterdam, et deuxième à La Haye, siège du gouvernement.

Donné alors second voire premier dans les sondages pour les législatives, le PVV avait toutefois lentement décliné parallèlement à l'essor du parti libéral alors que les questions économiques détrônaient l'immigration en tête des préoccupations des Néerlandais.

Les libéraux du VVD, dont le programme de réduction des dépenses publiques et du déficit est le plus ambitieux, sont finalement arrivés en tête, mais de justesse, dans le premier pays de la zone euro à élire des députés depuis que la crise financière met à mal la monnaie unique.

Aucun parti n'obtenant de majorité au parlement néerlandais, des discussions de coalition sont menées après chaque élection législative, durant des semaines voire des mois. Traditionnellement, le chef du parti qui a remporté le plus de sièges devient premier ministre.

Mark Rutte, donné vainqueur dans les sondages, avait annoncé avant même le scrutin vouloir parvenir à une coalition d'ici le 1er juillet et «n'exclure aucun parti».

L'hypothèse d'une «grande coalition» rassemblant les libéraux, les travaillistes, les écologistes (10 sièges) et les centristes de D66 (10) n'était pas complètement écartée jeudi matin par les politologues.

«Cela voudrait dire un gouvernement de gauche avec un premier ministre libéral où les libéraux seraient en minorité : je ne pense pas qu'ils le feront», commente Paul Scheffer, politologue de l'université d'Amsterdam.

Les négociations vont être «très, très difficiles», estime de son côté le politologue Henk van de Kok, de l'université de Twente. Le PVV de M. Wilders (15,5% des suffrages) «devra être pris en considération, il ne pourra plus être ignoré», assure-t-il à l'AFP.

«Former une coalition sera plus long que Mark Rutte ne le prévoit, ça va prendre des mois. Je serais surpris que nous ayons un nouveau gouvernement avant septembre ou octobre», ajoute-t-il.

 Le politologue Andre Krouwel de l'université libre d'Amsterdam s'attend aussi à des discussions de coalition «difficiles» après «la défaite historique» des chrétiens-démocrates (CDA) du premier ministre sortant Jan Peter Balkenende.

Le CDA, partenaire de la quasi-totalité des coalitions néerlandaises depuis la Seconde guerre mondiale et principal parti du parlement sortant avec 41 sièges, n'en obtient que 21.

Prenant acte de la défaite du CDA, M. Balkenende, 54 ans, à la tête d'une coalition de centre-gauche depuis 2007, avait annoncé mercredi soir renoncer à diriger son parti. Il était au pouvoir depuis 2002.