La région des lacs dans le nord-ouest de l'Angleterre est célèbre pour ses paysages romantiques. Hier matin, elle a été le théâtre d'un bain de sang. Derrick Bird, chauffeur de taxi de 52 ans, a tué 12 personnes avant de retourner son arme contre lui.

Sa cavale meurtrière, qui a duré plus de trois heures, a en outre fait 25 blessés dans une trentaine d'endroits. Son corps a été retrouvé sans vie dans un sous-bois en après-midi.

 

Trois blessés étaient toujours dans un état critique hier soir.

L'annonce qu'un tireur fou sillonnait la région paisible de Lake District a semé l'émoi en Angleterre, où les fusillades sont rares.

Les policiers ont sonné l'alarme vers 10h30 lorsque les premiers coups de feu ont retenti à Whitehaven, une ville côtière du comté de Cumbrie. Sur l'ordre des autorités, des résidants se sont barricadés pendant de longues heures. Selon plusieurs témoins, le forcené tirait au hasard sur des piétons et des cyclistes de son véhicule. Il visait surtout les têtes.

Énorme carabine

Un cycliste, Barrie Moss, a croisé Derrick Bird sur sa route funeste. Une femme est morte dans ses bras.

«Sa carabine était énorme, digne de James Bond, elle touchait presque à terre, a expliqué M. Moss à la BBC. Il s'est tourné vers moi et il est reparti dans sa voiture. Puis j'ai remarqué la femme par terre. Elle avait des sacs de courses à ses côtés.»

Il n'a pas réussi à la réanimer. «Au bout de cinq minutes, elle ne respirait plus», a dit le résidant du village Egremont.

Il semble que seule la première victime de la journée était connue de Derrick Bird, père de famille divorcé. Il s'agit de Darren Rewcastle, un collègue de travail.

Un ami en commun, qui n'a pas voulu se nommer, a indiqué qu'une dispute avait éclaté le soir précédent entre Derrick Bird et d'autres chauffeurs de taxi. Selon CNN, il aurait déclaré à un ami, Peter Leder: «Tu ne me reverras jamais.»

Son entourage a décrit aux médias un homme «calme et approchable». «Ce n'est pas le Derrick Bird que nous connaissions», a affirmé Michelle Haigh, gérante du pub qu'il fréquentait.

La reine consternée

Les événements d'hier ont profondément secoué une communauté tissée serré, «où les gens ne verrouillent pas leur porte», selon le député de Cumbrie Jamie Reed.

L'émotion ne s'arrêtait pas aux confins de la région montagneuse.

La reine d'Angleterre est sortie de sa réserve habituelle pour exprimer sa consternation. «Je suis profondément bouleversée... Je suis certaine que tout le pays éprouve le même chagrin que moi», a affirmé Élisabeth II dans un communiqué.

Le premier ministre David Cameron a promis de faire «son possible» pour aider les familles des victimes.

La fusillade d'hier est seulement la troisième de la sorte à survenir en autant de décennies. Après celles de 1987 et 1996, les mesures de contrôle des armes à feu ont été sévèrement durcies.