Les avocats de l'éditeur de Tintin au Congo et des ayant droit d'Hergé ont comparé lundi à un autodafé la demande d'interdiction de la célèbre bande dessinée, accusée de racisme par deux ressortissants congolais, qui ont porté plainte devant la justice belge.

«Je ne peux pas accepter le racisme, mais je juge aussi épouvantable que l'on brûle des livres. Interdire des livres, c'est les brûler», a déclaré Me Alain Berenboom, l'avocat de l'éditeur Casterman et de Moulinsart SA, société ayant les droits commerciaux autres que les droits d'édition, devant le tribunal de première instance de Bruxelles.

«Depuis la loi sur la liberté de la presse de 1831, il y a très peu de livres interdits en Belgique. En Égypte, une association veut faire interdire les Contes des Mille et Une Nuits. En Belgique, nous n'en sommes pas là», a ajouté l'avocat, ancien président de la Ligue belge des droits de l'homme.

«Tintin au Congo, publié en 1931, n'est pas un livre raciste, il n'a jamais causé de trouble à l'ordre public, y compris en Afrique», a encore estimé Me Berenboom.

Le procès au civil s'était ouvert le 28 avril suite à une plainte de Bienvenu Mbutu Mondondo, un citoyen de République démocratique du Congo (RDC) résidant en Belgique, qui «demande que l'album soit retiré de la vente ou à défaut qu'un avertissement y soit inséré».

Il a été rejoint par un autre ressortissant congolais, vivant lui à Kinshasa et est soutenu par le Conseil représentatif des Associations noires de France (CRAN), qui pour leur part ne réclament pas l'interdiction du livre mais l'ajout d'une mise en garde et d'une préface expliquant le contexte de l'époque. L'actuelle République démocratique du Congo (RDC) était alors une colonie de la Belgique.

«Ce livre contient manifestement des images et des dialogues à caractères raciste et offensant à l'égard des Noirs, mais aussi de l'humanité tout entière», a plaidé Me Ahmed L'Hedim, l'un des avocats de M. Mondondo.

«Il est simplement insupportable à mon client que ses enfants puissent tomber sur ce livre et se sentent insultés», a-t-il ajouté.

Le tribunal de première instance annoncera le 21 juin s'il est compétent pour ce dossier ou s'il est du ressort du tribunal de commerce.