Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a déclaré mercredi devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale que la libération de l'assassin de l'ancien premier ministre iranien Chapour Bakhtiar n'avait «aucun lien» avec celle de Clotilde Reiss, selon un communiqué de cette commission.

Bernard Kouchner a assuré aux députés «qu'aucune contrepartie n'avait été consentie par les autorités françaises pour favoriser la libération» de l'ancienne lectrice de français, assignée à résidence à Téhéran où elle était accusée d'espionnage.

Dans son communiqué publié mercredi soir, la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale juge «inadmissibles et irresponsables les propos tenus par un ancien membre de la DGSE concernant Clotilde Reiss». Ses membres souhaitent «que des sanctions non seulement judiciaires mais également administratives soient prononcées systématiquement en cas de violation d'un secret de défense par un agent ou ancien agent des services de renseignement».

Le 16 mai, Pierre Siramy, ancien sous-directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), a déclaré sur LCI que Clotilde Reiss avait «travaillé au profit de la France pour collecter des informations qui étaient de nature de politique intérieure et d'autres qui étaient sur la prolifération nucléaire». «Elle est immatriculée à la DGSE», a-t-il ajouté.

Le gouvernement et Clotilde Reiss ont vigoureusement démenti dans les jours qui ont suivi.

Clotilde Reiss avait été arrêtée le 1er juillet 2009 à l'aéroport de Téhéran alors qu'elle prenait l'avion pour la France après avoir enseigné le français pendant cinq mois à l'université d'Ispahan, localité du centre de l'Iran. Emprisonnée pendant un mois comme des centaines d'opposants présumés arrêtés pendant les manifestations postélectorales, elle avait ensuite été confinée à l'ambassade de France.

En dépit de ses protestations d'innocence, la jeune Française a été condamnée le 15 mai dernier à dix ans de prison pour espionnage et troubles à l'ordre public. La peine a immédiatement été commuée en une amende d'environ 3 milliards de rials (près de 320 000 $), dont elle s'est acquittée pour pouvoir quitter l'Iran dès le 16 mai.

Vingt-quatre heures après le retour en France de Clotilde Reiss, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a signé l'arrêté d'expulsion d'Ali Vakili Rad, l'assassin de l'ancien premier ministre du Shah d'Iran, Chapour Bakhtiar, condamné en France en 1994 à la réclusion criminelle à perpétuité.

Cette condamnation était assortie d'une peine de sûreté de 18 ans qui avait pris fin le 2 juillet 2009. Le 10 février 2010, le tribunal de l'application des peines (TAP), statuant en matière terroriste, lui avait accordé une libération conditionnelle subordonnée à un arrêté d'expulsion, finalement signé le 17 mai dernier. Dès le lendemain, Ali Vakili Rad prenait un avion pour l'Iran.