Les pilotes de l'avion du président polonais Lech Kaczynski qui s'est écrasé le mois dernier en Russie ont négligé plusieurs avertissements des indicateurs automatiques de leur appareil, a déclaré mercredi le représentant polonais auprès du comité d'enquête.

«À mon avis, à plusieurs reprises, les pilotes ont passé outre aux avertissements des indicateurs automatiques: « terrain ahead » (avertissant de la proximité du sol) et « pull up » (remonter). Ces avertissements ont été dédaignés», a déclaré au quotidien Rzeczpospolita Edmund Klich, représentant de la Pologne auprès du comité d'aviation interétatique, chargé des enquêtes sur les accidents d'avion dans 12 pays d'ex-URSS.

«Quand ils se sont trouvés à 100 m. d'altitude, ils auraient dû commencer à reprendre de l'altitude au lieu de penser qu'ils réussiraient l'atterrissage» dans des conditions météorologiques extrêmement difficiles à l'aéroport de Smolensk (ouest de la Russie), a-t-il estimé.

Mardi, M. Klich a confirmé que le chef de l'armée de l'air, le général Andrzej Blasik, se trouvait dans le cockpit au moment de l'accident de l'avion présidentiel, tout en ajoutant que rien ne laissait supposer qu'il ait exercé une pression directe sur les pilotes.

Dans les enregistrements «il n'y pas de phrase qui exercerait directement une pression, telle que par exemple: « nous devons atterrir», a-t-il déclaré.

Il a laissé entendre cependant que la seule présence du général Blasik pouvait constituer un élément de pression. «Quand vous rédigez un texte sur votre ordinateur et que quelqu'un reste dans votre dos, cela ne vous stresse pas? Moi, cela me stresse», a-t-il dit à Rzeczpospolita.

Le Tupolev 154 transportant le président Kaczynski et son épouse, ainsi que de hauts responsables politiques et militaires polonais, s'est écrasé le 10 avril en tentant d'atterrir par un épais brouillard près de Smolensk, tuant ses 96 occupants.