Près de 20 000 manifestants selon la police, plus du double selon les syndicats, ont manifesté dans le calme jeudi à Athènes à l'occasion de la quatrième grève générale organisée contre l'austérité et une réforme des retraites, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les manifestants se sont dispersés en milieu d'après-midi après s'être rendus devant le parlement à l'appel des deux grandes centrales du pays, la Confédération générale des travailleurs de Grèce (GSEE, 1 million d'adhérents) et la Fédération des fonctionnaires (ADEDY, 370 000 membres).

Cette manifestation a été moins suivie que lors de la précédente grève générale du 5 mai, selon les journalistes de l'AFP.

Ce dernier rendez-vous avait été endeuillée par la mort de trois employés de banque asphyxiés dans l'incendie de leur établissement par des casseurs.

Un premier cortège organisé par le Pame, front syndical du Parti communiste (KKE-ultra orthodoxe) avait, selon une source policière, défiler en fin de matinée quelque 4.000 personnes jusqu'au ministère du Travail, dans le calme et sous des calicots appelant à «Résister» et à «mettre fin à la politique anti-populaire».

«Tous en lutte» et «les retraites ne doivent pas être soumises au marché», proclamaient des banderoles dans le principal cortège syndical, protestant contre la thérapie de choc prescrite au pays en échange du sauvetage financier du pays par l'UE et le FMI.

Les mesures la cure inclut une réforme des retraites allongeant la durée du travail et réduisant le montant des pensions, qui doit être soumise au vote du parlement d'ici la fin du mois. La GSSE et l'Adedy en ont exigé le retrait dans une déclaration commune, s'engageant à «la poursuite de la lutte».

À Salonique, deuxième ville du pays située au nord, les manifestations ont rassemblé quelque 5 000 personnes, selon une source policière.

À Athènes, la police a procédé à une trentaine d'interpellations de présumés fauteurs de trouble aux abords du quartier contestataire d'Exarchia.

Avec quelque 1 700 policiers déployés dans le centre, les autorités «ont renforcé le dispositif de sécurité pour éviter la répétition du drame du 5 mai», a indiqué à l'AFP le porte-parole de la police Thanassis Kokalakis.

Selon les analystes politiques, la mort des trois employés de banque pourrait dans l'immédiat relâcher la pression dans la rue, dans l'attente d'une rentrée sociale tendue en septembre.

Dans un communiqué, la GSEE s'est prévalue d'une forte participation à la grève, de 70% dans l'industrie et les grandes entreprises de service public à 100% dans les raffineries, et ports où les bateaux sont restés à quai.

À Athènes, métros, bus et trolleys étaient à l'arrêt, et un seul train devait circuler par destination.

Le trafic aérien international était en revanche assuré, les contrôleurs aériens ayant décidé de ne pas participer au mouvement face à «la dégradation de la situation dans le secteur touristique». La grève n'affectait que quelques petits aéroports insulaires.

Le fonctionnement des écoles était assuré au cas par cas, tandis que nombre de banques privées étaient ouvertes dans le centre d'Athènes.

À l'exception des employés de la télévision publique, les journalistes ne se sont pas pas ralliés à la grève, mais leurs syndicats ont prévu un arrêt de travail de 24 heures la semaine prochaine.

Par la voix de son porte-parole, Georges Pétalotis, le gouvernement socialiste a exclu mercredi de reculer sur le plan de redressement, réitérant que la seule alternative était la «banqueroute» du pays.

Grâce au versement d'une première tranche de 20 milliards d'euros des prêts d'un montant total de 110 milliards sur trois ans, la Grèce venait de s'acquitter d'une échéance de remboursement de sa dette, qui caracole à quelque 300 milliards d'euros.