Le premier gouvernement de coalition britannique depuis la Seconde Guerre mondiale s'affirme déterminé à réinventer la politique sous la houlette du conservateur David Cameron, mais cette volonté de rupture ne semble pas s'appliquer à la parité: quatre ministres seulement sur 23 sont des femmes.

Et encore, parmi ces quatre femmes qui participent d'office aux réunions du «Cabinet» (le conseil des ministres) de la nouvelle coalition conservateurs/libéraux-démocrates, seules deux ont des postes-clés: Theresa May, ministre de l'Intérieur et secrétaire d'État aux Femmes et à l'Egalité, et Caroline Spelman, à l'Environnement, l'Alimentation et les Affaires rurales.

Une troisième, Cheryl Gillan, détient le portefeuille moins prestigieux de ministre au Pays de Galles. Quant à la quatrième, la baronne Sayeeda Hussain Warsi, elle est secrétaire d'État sans portefeuille.

Quatre femmes, c'est trois de moins que dans le précédent gouvernement travailliste de Gordon Brown. Et cela laisse à David Cameron un long chemin à parcourir pour respecter sa promesse de compter un tiers de femmes ministres d'ici à la fin de la législature.

Pourtant, 142 femmes, un nombre record, ont été élues députées lors des législatives du 6 mai.

Une secrétaire d'État du nouveau gouvernement du premier ministre britannique David Cameron a critiqué vendredi le manque de femmes au sein du cabinet, et raillé les équipes de négociations «mâles et pâles» à l'origine de ce gouvernement de coalition.

Lynne Featherstone, membre du parti libéral démocrate, en charge de l'égalité, a précisé avoir insisté auprès du premier ministre conservateur pour avoir un gouvernement comprenant plus de femmes et de représentants des minorités, en lui disant «qu'il fallait faire mieux», lors d'une interview sur la radio BBC.

«Je suis très déçue», a-t-elle concédé.

«C'est comme si le féminisme n'avait jamais eu lieu, s'est offusquée Ceri Goddard, directrice générale de la Fawcett Society, qui milite pour l'égalité des sexes. On dirait que, bien que nos hommes politiques ont réussi à dépasser le tribalisme politique afin de former une coalition, cette nouvelle approche de la politique ne semble pas avoir repoussé ce sexisme qui consiste à dire que les femmes sont exclues du gouvernement.»

En 1997, le Labour avait mis en place des préselections exclusivement réservées aux femmes. Ainsi, 101 parlementaires travaillistes avaient été élues, sur un total de 120 femmes cette année-là.

Lors des législatives du 6 mai, le Labour a fait élire 81 femmes sur ses 258 députés, une proportion record. Les conservateurs en ont 48 sur 306 et leurs partenaires les libéraux-démocrates seuls sept sur 57.

Le problème n'est pas le nombre de femmes qui se lancent en politique mais qu'elles «ne sont pas sélectionnées» en tant que candidates, victimes du sexisme de la base locale des partis, estime Nan Sloane, directrice du Centre for Women and Democracy (Centre pour les femmes et la démocratie).

Mme Sloane estime que seule la discrimination positive pourrait réellement changer les choses, citant en exemple l'Espagne où une loi oblige 40% de  candidates à des élections. Ainsi, plus de la moitié des ministres espagnols sont des femmes.