Le nouveau premier ministre britannique David Cameron a réuni son gouvernement de coalition pour la première fois jeudi, pendant que la presse ironisait sur l'improbable «mariage» entre le chef de gouvernement conservateur et son numéro deux libéral-démocrate Nick Clegg.

Après 13 ans de pouvoir travailliste, le nouveau gouvernement s'est mis au travail tôt dans la matinée, avec une première réunion «constructive» à Downing Street, à laquelle participaient les cinq ministres libéraux-démocrates et tous leurs collègues conservateurs.

M. Cameron et son vice-premier ministre M. Clegg ont réaffirmé leur «engagement» à travailler de concert, et le ministre des Finances George Osborne a insisté sur l'urgence d'une réduction du déficit et d'une réforme bancaire, a ensuite indiqué Downing Street.

L'une des premières décisions concrètes du nouveau gouvernement a été de réduire de 5% les salaires de tous les nouveaux ministres.

La nouvelle équipe a également évoqué la politique internationale, dont la situation en Afghanistan, où environ 10.000 soldats britanniques sont déployés, et le calendrier parlementaire.

MM. Cameron et Clegg, deux dirigeants de 43 ans, avaient évoqué mercredi, lors de leur première conférence de presse conjointe, leur ambition de promouvoir une «nouvelle façon de faire de la politique» grâce à cette première coalition au pouvoir depuis 1945.

Souriants et insistant sur leur plaisir à oeuvrer de concert, après s'être rudoyés pendant la campagne électorale, ils avaient aussi défendu la logique de cette alliance entre deux partis opposés sur bien des points, et sa capacité à résister à l'épreuve du temps, ce dont nombre d'experts doutent.

Mais leur partition de mercredi, sous un soleil printanier dans les jardins de Downing Street, avec une mise en scène «à l'américaine», avec force compliments et clins d'oeil complices, a été accueillie avec dérision jeudi dans les journaux.

«C'était le mariage le plus rapide de l'histoire politique, et le pays a été prié de le bénir (mercredi)», brocardait le Sun. Le Daily Mail faisait sa Une sur «Les grandes effusions du N. 10», et l'Express jubilait: «C'est l'amour».

«On aurait dit un partenariat civil, une conférence de presse de ce genre pourrait être illégale dans 45 États américains», raillait le Guardian, en référence aux États où les mariages de personnes de même sexe ne sont pas autorisés.

La presse mettait aussi en garde contre les lendemains difficiles. «Le show de Dave et Nick était impressionnant mais il sera difficile de le faire durer», estimait l'Independent, en mettant l'accent sur leurs divergences sur l'Europe ou l'énergie nucléaire notamment.

Le ministre libéral-démocrate de l'Energie, Chris Huhne, a reconnu jeudi que certains des compromis consentis étaient «évidemment déplaisants pour les deux partis». «Mais ce que nous avons en échange, c'est une chance réelle de refonder la politique britannique», a-t-il plaidé.

Les Lib Dems ont hérité de cinq postes de ministres: outre M. Clegg et M. Huhne, Vince Cable au Commerce, Danny Alexander à l'Ecosse, et David Laws, au Trésor. Nick Clegg aura plus particulièrement en charge la réforme politique et constitutionnelle.

Il s'adressera dimanche devant les militants Lib Dems, lors d'une conférence spéciale réunie pour évoquer l'accord de coalition. L'exercice pourrait s'avérer embarrassant, car sa stratégie d'alliance a causé un certain désarroi à la gauche du parti.

Après la rencontre du gouvernement, M. Cameron devait en compléter la liste, en nommant ses membres de rang inférieur. Quinze de ces postes devraient revenir aux Lib Dems.

M. Cameron et ses principaux ministres avaient participé mercredi soir à la première réunion du nouveau Conseil de sécurité nationale.