Le pape Benoît XVI a affirmé mardi au début d'une visite au Portugal que la plus grande souffrance de l'Église ne venait pas d'«ennemis extérieurs», mais de son propre «péché», dans sa référence la plus forte à ce jour à la crise des scandales de pédophilie au sein du clergé.

«Nous l'avons toujours su mais nous voyons aujourd'hui de façon beaucoup plus terrifiante que la plus grande persécution de l'Église ne vient pas d'ennemis extérieurs mais naît du péché de l'Église», a déclaré le pape dans l'avion qui le conduisait au Portugal.

«Les attaques contre l'Église et le pape ne viennent pas seulement de l'extérieur, les souffrances viennent de l'intérieur de l'Eglise, du péché qui existe dans l'Église», a-t-il insisté devant les journalistes.

L'Église a «un profond besoin» d'«apprendre le pardon et aussi la nécessité de la justice» a poursuivi Benoît XVI soulignant que «le pardon ne remplace pas la justice».

Benoît XVI répondait à une question à propos de la cascade de révélations sur des crimes de pédophilie commis par des prêtres et religieux qui éclabousse l'Église en Europe, mais aussi en Amérique du nord et latine depuis plusieurs mois.

Arrivé en fin de matinée à Lisbonne, première étape d'un «pèlerinage» de quatre jours au Portugal, le pape espère trouver, dans ce pays de forte tradition catholique, soutien et réconfort pour l'Église face à la tourmente.

En dehors d'un voyage éclair mi-avril sur la petite île de Malte, c'est la première fois, depuis le début du scandale, que Benoît XVI pourra tester, hors du Vatican, la ferveur de ses fidèles.

Dans un discours à l'aéroport, le président portugais Anibal Cavaco Silva a rappelé les «relations multi-séculaires» entre son pays et le Portugal où, a-t-il dit, «la séparation entre l'Eglise et l'État cohabite avec les marques profondes de l'héritage chrétien».

Benoît XVI a quant à lui insisté sur le fait que les questions éthiques et spirituelles n'étaient pas «du «domaine privé», alors que le Portugal s'apprête à autoriser le mariage homosexuel, trois ans après avoir dépénalisé l'avortement.

«La considération essentielle du sens humain de la vie ne se réduit pas au domaine privé», a-t-il déclaré devant le chef de l'État portugais, catholique pratiquant, qui doit promulguer avant le 17 mai la loi sur le mariage homosexuel, votée en février dernier.

Après l'aéroport, le pape a rejoint à bord de sa papamobile la Nonciature apostolique, située au centre-ville. Le long des 8 km du trajet, des dizaines de milliers de personnes étaient massées, criant «Viva o Papa!» (Vive le pape!)

La première des trois grandes messes en plein air du séjour du pape au Portugal est prévue en fin d'après-midi sur le Terreiro do Paço, immense place de la capitale portugaise, en bordure du Tage.

Le gouvernement socialiste portugais n'a pas ménagé son soutien à cette «visite d'État» et a accordé, malgré la crise budgétaire, un congé exceptionnel aux fonctionnaires de Lisbonne pour leur permettre d'y assister.

Jeudi, les agents de l'État, à travers tout le pays, seront de nouveau en congé pour pouvoir participer aux célébrations de Fatima, symbole du Portugal catholique.

Benoît XVI, lui-même, a rappelé que la ville-sanctuaire était sa «principale destination, à l'occasion du dixième anniversaire de la béatification des petits bergers Jacinta et Francisco».

Le 13 mai 1917, ces deux enfants de 7 et 10 ans et leur cousine Lucie auraient, selon l'Eglise, vu la Vierge qui leur aurait ensuite révélé, au cours de nouvelles apparitions, des «secrets» jugés prophétiques de l'histoire du 20e siècle.

Benoît XVI quittera le Portugal vendredi après-midi après une dernière messe en plein air, à Porto.