La chancelière allemande Angela Merkel a appelé samedi à combattre l'antisémitisme et à continuer à parler de l'Holocauste à l'occasion du 65e anniversaire de la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie.

«Combattre l'antisémitisme à la racine est un enjeu de la société dans son ensemble même si la plus grande majorité des gens ne pense pas de façon antisémite», a déclaré la responsable conservatrice dans un long entretien au Süddeutsche Zeitung.

La chancelière a assuré qu'elle s'engagerait «toujours contre l'antisémitisme» même si «cela conduit à des lettres insultantes comme "marionnette du complot juif" et plus encore».

Elle a encouragé à parler sans crispation de la seconde guerre mondiale et de l'Holocauste: «il faut que nous réussissions toujours à faire comprendre pourquoi il est indispensable pour la compréhension de notre propre identité et de notre avenir de parler du nazisme et de l'extermination des juifs».

Face au nombre de plus en plus restreint de témoins survivants, la chancelière, qui doit participer dimanche aux célébrations organisées à Moscou dimanche pour le 65e anniversaire de la victoire des alliés en 1945, a souligné l'importance du travail de mémoire.

«La minimisation (de l'Holocauste) peut naître du fait que l'on en sait trop peu» sur ce chapitre sombre de l'histoire, a-t-elle prévenu. «Et si nous voulons assumer notre responsabilité perpétuelle vis-à-vis des victimes, je crois que nous avons une responsabilité particulière à connaître notre histoire».

Née en 1954 à Hambourg (nord), Mme Merkel, qui a grandi dans l'ex-RDA communiste, affirme que ce sont ses parents, un pasteur et une professeur d'anglais et de latin, qui lui ont «raconté en détails» l'existence de l'Holocauste.

«Notre institutrice a beaucoup parlé de la guerre pendant les quatre premières années d'école. Mais, l'extermination des juifs n'apparaissait à vrai dire pas dans ses propos et ni lors de nos visites dans les camps de concentration».

A l'époque, «il était question de communistes qui y avaient été tués, ou peut-être encore de sociaux-démocrates», se souvient Mme Merkel, qui habitait alors à Templin, «à moins de vingt kilomètres» du camp de concentration de Ravensbrück.

Elle dit avoir posé beaucoup de questions, plus tard, lors d'autres visites de ce camp de concentration et que «rien ne fut dissimulé dans les réponses».