Les Britanniques se pressaient en nombre jeudi, dans des lieux de vote parfois fort insolites, pour des élections législatives à l'issue la plus incertaine depuis des décennies, même si les conservateurs semblent à même de mettre fin à 13 ans de pouvoir travailliste.

Plus de 45 millions d'électeurs étaient appelés à se rendre dans l'un des 50 000 bureaux de vote ouverts de 6H00 à 21H00 GMT, afin de départager les 4 149 candidats qui aspirent à entrer au parlement.

650 sièges sont à pourvoir au total, 326 étant donc nécessaires pour obtenir la majorité absolue. Cependant, le scrutin a été repoussé au 27 mai dans la circonscription de Thirsk and Malton (nord-est de l'Angleterre).

Des élections locales se déroulent en même temps dans une partie du pays.

Un sondage de sortie des bureaux de vote devait être rendu public par les principales chaînes de télévision dès la clôture du scrutin à 21h00 GMT.

Même si aucun chiffre n'était disponible, les responsables de bureaux de vote notaient dès les premières heures du scrutin une participation plus élevée qu'en 2005, où elle avait atteint 61%.

Les électeurs devaient parfois voter dans les lieux les plus inattendus, comme l'Anglesea Arms, un pub du quartier chic de South Kensington à Londres.

«C'est une légère incitation à venir voter ! Je ne connais pas beaucoup d'endroits où on peut à la fois voter et boire», plaisantait le chef des agents électoraux Martin Carver.

Outre de nombreux pubs et églises, un salon de coiffure, des châteaux, des supermarchés, une vieille caravane et même une station de pompage avaient été réquisitionnés dans le pays.

Les trois chefs de parti ont voté 

Le chef du principal parti d'opposition, le conservateur David Cameron, 43 ans, donné favori par les sondages, a été le premier à voter, avec son épouse Samantha, vers 10h00 GMT à Spelsbury (nord-ouest de Londres).

Le premier ministre Gordon Brown, 59 ans, et son épouse Sarah, ont voté en Ecosse un quart d'heure plus tard. Le libéral-démocrate Nick Clegg a suivi vers 10H25 GMT à Sheffield (nord de l'Angleterre), aussi accompagné de son épouse Miriam qui n'a cependant pas pu voter, étant de nationalité espagnole.

Le député européen Nigel Farage, qui tente de décrocher le premier siège de son parti europhobe (Ukip) à la chambre des Communes, a au petit matin été blessé au visage et aux côtes dans l'accident d'un avion léger dont il était passager, et qui s'est écrasé au décollage. Il devait rester hospitalisé jeudi soir.

Deux élections virtuelles sur le site de socialisation Facebook, sans aucune prétention scientifique, donnaient les Lib Dems de Nick Clegg vainqueurs haut la main.

Une centaine de sondages ont prédit ces dernières semaines la défaite en voix du parti travailliste, usé par 13 ans de pouvoir et handicapé par l'impopularité de M. Brown.

Mais les mêmes sondages ont indiqué que les quelques points d'avance des conservateurs étaient insuffisants pour décrocher la majorité absolue requise pour former immédiatement un gouvernement.

Cette configuration, qui serait inédite depuis 1974, est connue sous l'appellation de parlement «suspendu» («hung parliament»).

Par ailleurs, le système électoral, uninominal majoritaire à un tour, ainsi que le découpage électoral, sont très favorables aux travaillistes. À tel point qu'ils pourraient décrocher le plus grand nombre de sièges même en étant battus en termes de suffrages.

Le dernier sondage ICM pour le Guardian créditait les Tories de 36% des intentions de vote, soit 8 points d'avance sur le Labour (28%), tandis que les Lib Dems obtenaient 26%. Un autre, de l'institut Populus pour le Times, donnait 37% aux Tories, 28% au Labour et 27% aux Lib Dems.

Cette lutte au coude-à-coude pourrait transformer les libéraux-démocrates en faiseurs de roi.