Des dizaines de milliers d'Albanais ont envahi vendredi la principale place de Tirana, jurant de n'en pas bouger jusqu'à ce que le gouvernement autorise un recomptage partiel des bulletins aux élections législatives de juin 2009. Les résultats du scrutin sont contestés par l'opposition qui dénonce des fraudes.

Le camp conservateur du Premier ministre Sali Berisha a remporté avec une marge de manoeuvre étroite les élections du 28 juin 2009, mais l'opposition socialiste a décidé de boycotter le Parlement depuis des mois, réclamant un recomptage des bulletins dans plusieurs circonscriptions.

Le gouvernement a qualifié cette demande d'illégale.

Le Parti démocratique de Berisha et ses alliés contrôlent 75 des 140 sièges du Parlement.

Le dirigeant socialiste Edi Rama a exhorté les manifestants à faire preuve de «résistance pacifique» dans le cadre d'une campagne de désobéissance jusqu'à que la demande de recomptage soit satisfaite.

«Nous devons tous dire au gouvernement que son sort commence et finit avec notre appel: ouvrir les urnes ou partir», a-t-il lancé.

Armela Ymeraj, porte-parole du Parti socialiste, a de son côté déclaré que le rassemblement -qui vise aussi à imputer le gouvernement la responsabilité des difficultés économiques du pays- se poursuivrait pendant plusieurs jours.

«Ce rassemblement est un rassemblement non-stop jusqu'à ce que le gouvernement décide de réformer ou de recompter les voix», a-t-elle dit.

La communauté internationale presse l'Albanie, nouveau membre de l'OTAN, de sortir de l'impasse qui pourrait gêner ses efforts destinés à rejoindre les rangs de l'Union européenne.

«Berisha voit-il cela? Nous sommes beaucoup. Nous voulons simplement un jeu électoral équitable», a souligné Ilir Tiko, l'un des protestataires sur la vaste place Skanderbeg de Tirana.

Une autre manifestante, Sanie Behari, a précisé qu'elle protestait contre la pauvreté. «Comprennent-ils que nous ne pouvons pas vivre avec des prix aussi élevés», a-t-elle déclaré à propos des membres du gouvernement. «Nous voulons juste une meilleure vie».

Le rassemblement se déroulait dans le calme, nombre des manifestants tenant des drapeaux albanais ou de l'opposition. «A bas Berisha», scandaient-ils.

Des centaines de policiers non armés formaient un cordon autour du principal bâtiment public. Un petit nombre de policiers anti-émeutes se tenaient derrière un mur proche.

Le Parti démocratique au pouvoir projette d'organiser un concert public samedi pour la fête du travail. Il entend célébrer ce qu'il décrit comme des réformes couronnées de succès.