Alors que les grands partis sont engagés dans une lutte sans merci pour le pouvoir, un parti d'excentriques fêlés et un super héros flatulent apportent une touche d'extravagance très «british» à la campagne électorale.

À Witney, dans le sud de l'Angleterre, fief du leader conservateur David Cameron, le chef du Official Monster Raving Loony Party (le parti super fou furieux officiel), espère emporter le vote protestataire, avec pour argument de campagne : la stupidité.

Alan Hope, vêtu d'un élégant costume blanc, d'un énorme chapeau blanc, d'un noeud papillon léopard et porteur d'une gigantesque cocarde électorale, crie au mégaphone dans la principale rue commerçante : «Votez pour la folie, c'est la voie de la raison!».

Et oubliant ses clefs sur sa voiture, il va distribuer des faux billets d'un million de livres sur le green, l'espace vert municipal.

«On apporte le sens de l'humour, un peu d'amusement à quelque chose d'assez sérieux. Ceci a le goût de la vieille Angleterre, je ne suis pas sûr qu'on pourrait s'en tirer comme ça ailleurs. C'est la démocratie à son zénith!».

«Si on obtient 2 à 3 000 votes, cela fera réfléchir les autres partis, qui se sont ridiculisés avec le scandale des notes de frais des parlementaires», explique-t-il à l'AFP.

Son parti, fondé en 1963 par le musicien David Sutch, compte aujourd'hui 136 000 membres dans le monde. Alan Hope l'a longtemps dirigé avec son chat «Cat Mandu», avant que le co-leader ne se fasse écraser sur la route.

Son programme? Faire de l'élevage dans les restaurants pour éviter les coûts de transport, lutter contre le réchauffement climatique en installant des climatiseurs à l'extérieur, et imposer une licence aux poètes pour réprimer la poésie au rabais.

Au pays de Galles, à Port Talbot, c'est un super héros orange vif, capitaine Beany, qui fait campagne, avec un nom dérivé des «baked beans», les inimitables haricots blancs à la sauce tomate servis pour le traditionnel petit déjeuner anglais.

Le candidat en combinaison, cape et lunettes à rayon X, assure que les électeurs sont las des hommes politiques, et qu'ils ont besoin d'un super héros flatulent pour résoudre leurs problèmes.

«Le vent du changement arrive, je peux le sentir!», affirme-t-il dans son QG de campagne, le pub Red Lion.

Une grande affiche de capitaine Beany, façon bande dessinée, est accrochée à côté du pub, bien visible depuis la ligne de chemin de fer Swansea-Londres. À l'intérieur c'est la fête de lancement de la campagne, avec force ballons et posters.

Le capitaine Beany et ses Beanettes, traverse ensuite Port Talbot pour aller remettre aux autorités locales sa candidature.

Cet étrange cortège est salué par les klaxons des automobilistes et des encouragements : «Vas-y Beany boy!», sous le regard estomaqué des enfants.

«Je pense qu'il ferait un meilleur boulot que les hommes politiques», dit Kate Green, 46 ans. «Il fait beaucoup pour la ville, c'est super qu'il puisse se présenter».

Le programme du super héros excentrique prévoit de rendre obligatoires les tatouages bilingues anglais/gallois, de remplir les nids de poules avec le chewing gum récupéré sur les trottoirs, et d'imprimer les visages des responsables corrompus sur du papier toilette.

Alan Hope reconnaît qu'il ne s'attend pas à battre le leader conservateur. «Je ne suis pas assez taré pour penser que je vais y arriver». Si David Cameron est élu le 6 mai, Alan Hope compte bien être le premier à lui serrer la main, en se plaçant opportunément sous l'oeil des caméras.