Le président tchétchène Ramzan Kadyrov est impliqué dans le meurtre, en janvier 2009 à Vienne, en Autriche, de l'opposant tchétchène Oumar Israïlov, affirme un rapport de la police autrichienne.

M. Kadyrov est soupçonné par le bureau de la sécurité et du contre-terrorisme de Vienne (LVT) «d'être celui qui a donné l'ordre», a déclaré mardi à l'AFP un porte-parole du procureur, Gerhard Jarosch, citant le rapport final du LVT sur l'affaire.

Mais plutôt qu'un ordre de meurtre, il semble que la mort d'Israïlov résulte d'un enlèvement qui a mal tourné, a ajouté M. Jarosch. «Les choses ont dérapé et il a été tué», a-t-il dit.

Israïlov, 27 ans, ancien membre des forces de sécurité de Kadyrov, avait fait défection et obtenu l'asile en Autriche. Il avait été abattu de trois balles en pleine rue par deux inconnus près de son domicile à Vienne, le 13 janvier 2009.

L'avocat de sa famille et les organisations de défense des droits de l'homme ont rapidement désigné le président tchétchène pro-russe Kadyrov. Israïlov l'accusait en effet d'enlèvements et de tortures. Il avait lancé une procédure contre l'homme fort de Grozny en Russie, une autre à Strasbourg devant la Cour européenne des droits de l'Homme et était le témoin-clé dans une troisième en Autriche.

M. Kadyrov a nié être impliqué dans ce meurtre dans un entretien avec le quotidien die Presse en mai 2009. Il a cependant admis avoir été en contact avec le jeune père de famille pour le faire rentrer en Tchétchénie.

Selon le rapport du LVT, il y aurait eu tentative d'enlèvement. «Il y avait eu, semble-t-il, des approches pour convaincre Israïlov de retourner en Tchétchénie», a déclaré le porte-parole du procureur. Le 13 janvier 2009, les suspects «ont tenté de l'obliger à venir avec eux mais il s'est enfui et ils l'ont tué».

Trois personnes sont en détention dans cette affaire, dont un kidnappeur présumé et un certain Otto K. «qui a organisé toute l'opération et qui avait apparemment des liens étroits avec M. Kadyrov», a-t-il ajouté.

Le tireur, dont la police a le nom, a pu s'échapper. «Il semble qu'il soit en Russie mais nous n'en sommes pas sûrs», a dit M. Jarosch.

Selon l'hebdomadaire Falter, M. Kadyrov aurait monté une agence de renseignements militaires, avec une antenne en Autriche. Sa tâche était de réunir des informations sur certains exilés Tchétchènes et de les kidnapper ou de les «liquider».

Il aurait ainsi «demandé à l'agence de localiser Israïlov et de le lui livrer, sachant très bien qu'une telle demande pouvait conduire à la mort d'Israïlov», écrit Falter dans son édition électronique, citant le rapport du LVT.

M. Jarosch a confirmé sans plus de précisions que le LVT connaissait l'existence de cette agence.

Par ailleurs, l'hebdomadaire affirme que deux Tchétchènes qui avait aidé la police autrichienne dans l'enquête sur la mort d'Israïlov ont été tués, sans doute par des hommes de Kadyrov.