Le premier ministre François Fillon a annoncé mardi qu'un projet de loi sur l'interdiction du port du voile islamique intégral, qui fait l'objet d'un vif débat en France, serait présenté à l'Assemblée nationale début juillet.

Le gouvernement français a annoncé la semaine dernière un projet de loi visant à l'interdiction générale du port du voile islamique intégral dans tout l'espace public, y compris dans la rue.

Le président Nicolas Sarkozy a fait cet arbitrage alors que fin mars, le Conseil d'État, plus haute juridiction administrative française, avait prévenu qu'une interdiction générale du voile intégral pourrait être contestée, jugeant qu'elle «ne pourrait trouver aucun fondement juridique incontestable».

Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, a déclaré mardi sur la radio RMC que les socialistes étaient «contre le port du voile intégral» mais qu'ils voteraient «contre une loi d'interdiction générale du voile intégral parce qu'elle est inapplicable».

L'interdiction du port du voile islamique intégral concerne moins de 2 000 femmes en France selon les autorités; elle fait l'objet d'un débat dans le pays depuis des mois, une partie de l'opposition dénonçant un risque de stigmatisation des 5 à 6 millions de musulmans vivant en France.

Le débat s'est envenimé ces derniers jours, autour du cas d'une conductrice verbalisée pour s'être trouvée au volant vêtue d'un niqab (voile intégral ne laissant voir que les yeux). Son mari, d'origine algérienne, a été menacé par le ministre de l'Intérieur d'être déchu de sa nationalité française pour cause de polygamie.

L'affaire est vite devenue embarrassante pour le gouvernement, confronté à une incertitude juridique - la polygamie supposée du mari va faire l'objet d'une enquête et n'est pas en soi un motif de retrait de la nationalité- et à l'émoi de la communauté musulmane.

Lies Hebbadj, le mari de la femme verbalisée, s'était défendu lundi de l'accusation de polygamie, difficile à prouver hormis par l'état civil, en soulignant que le fait d'avoir des «maîtresses» n'était «pas interdit en France».

Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a déclaré de son côté mardi matin que, «de la même manière que la burqa n'est pas la bienvenue dans notre pays, la polygamie est interdite et la polygamie cachée n'est pas la bienvenue».

«Quand vous voulez vous marier religieusement, vous devez être marié civilement», a-t-il encore dit.

Sans aborder cette dernière polémique, le premier ministre a déclaré mardi devant les députés de la majorité UMP qu'il fallait «éviter tout amalgame et toute stigmatisation» des Français de confession musulmane.

«Je vous demande un effort d'attention à l'égard de nos concitoyens de confession musulmane. C'est à vous de faire les gestes qu'ils attendent», a-t-il déclaré, selon les participants à la rencontre.