Des dizaines de milliers d'Arméniens ont défilé samedi à Erevan à l'occasion du 95e anniversaire du massacre d'Arméniens sous l'Empire ottoman, sur fond de nouvelles tensions avec la Turquie.

Une longue procession s'est dirigée vers un mémorial au sommet d'une colline de la capitale arménienne pour y déposer des fleurs en souvenir des victimes de ces persécutions qui constituent un génocide selon l'Arménie, un terme que récuse la Turquie.

Lors d'une cérémonie, le président arménien Serge Sarkissian a affirmé que la reconnaissance par la communauté internationale du génocide était inévitable.

«Nous remercions toux ceux qui, dans de nombreux pays, y compris en Turquie, comprennent l'importance de la prévention des crimes contre l'humanité et qui sont à nos côtés dans cette lutte», a-t-il dit.

France et Canada font partie des pays ayant reconnu l'existence du génocide.

Pour la première fois dans l'histoire de la Turquie, un groupe de plus de 60 intellectuels et artistes ont appelé à un rassemblement samedi à Istanbul pour commémorer les massacres de 1915. «Nous voulons témoigner que ces événements ont représenté un grave crime contre l'humanité sans nous laisser piéger dans le débat sur le fait qu'ils constituent un génocide ou non», a déclaré à la télévision turque NTV l'un des organisateurs de ce rassemblement, Ahmet Insel, professeur d'économie à l'Université de Galatasaray.

Depuis des décennies, la question empoisonne les relations entre Arménie et Turquie. Des efforts de réconciliation viennent de marquer le pas, l'Arménie ayant annoncé jeudi le gel de la ratification d'accords historiques conclus fin 2009 avec la Turquie, qui devait sceller le processus de rapprochement.

Erevan a reproché à la Turquie de faire traîner en longueur la ratification.

Les persécutions des Arméniens sont commémorées chaque année le 24 avril, date de l'arrestation en 1915 à Constantinople de plus de 200 intellectuels et dirigeants de la communauté arménienne, marquant le début d'une vague de massacres et de déportations ayant duré jusqu'en 1917.

Pour les Arméniens, le génocide a fait plus de 1,5 million de morts.

La Turquie reconnaît qu'entre 300 000 et 500 000 personnes ont péri mais, selon Ankara, elles n'ont pas été victimes d'une campagne d'extermination mais du chaos des dernières années de l'Empire ottoman.