Cinq personnes ont été tuées dans des violences ethniques impliquant des dizaines de personnes lundi au Kirghizistan, ont indiqué mardi les nouvelles autorités de ce pays d'Asie centrale.

Des Kirghiz se sont emparés sous la menace de parcelles de terrain appartenant à des Russes et des Turcs à Maevka, un village situé dans la banlieue de la capitale Bichkek, avant que plusieurs centaines de policiers n'interviennent.

Cinq personnes ont été tuées au cours des affrontements, a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère kirghiz de la Santé. Une trentaine ont été blessées.

«La police a rétabli l'ordre dans le village. Quarante instigateurs des émeutes ont été interpellés», a déclaré à des journalistes la chef du gouvernement intérimaire, Rosa Otounbaïeva.

«Tous les provocateurs et chefs de bande seront punis conformément à la loi», a indiqué le gouvernement intérimaire dans un communiqué.

À Moscou, le président russe, Dmitri Medvedev, a fait part de son soutien au nouveau gouvernement kirghiz, lors d'une rencontre avec Islam Karimov, président de l'Ouzbékistan, pays voisin du Kirghizistan.

«La Russie et l'Ouzbékistan veulent que les autorités du Kirghizistan soient fortes et la prospérité pour la population», a déclaré M. Medvedev, cité par les agences russes, lors d'une rencontre avec M. Karimov.

Une source au sein du ministère kirghiz de l'Intérieur a indiqué à l'AFP que quelque 600 policiers patrouillaient mardi dans les rues de Maevka, appuyés par des transports de troupes blindés.

Ce village est habité par des Kirghiz, des Russes et des Turcs Meskhetian. Ces derniers ont vécu en Géorgie jusqu'en 1944 avant d'être déportés en Asie centrale par le régime de l'ex-dictacteur soviétique Joseph Staline.

Les émeutiers ont «afflué dans Maevka et commencé à casser, voler et tuer», a raconté à des journalistes un habitant, Alexandre Konstantin. «Ils ont essentiellement pillé et brûlé des maisons de Turcs habitant le village».

Quelque 130 personnes ont été arrêtées par les forces de l'ordre et 10 policiers blessés dans les incidents, a indiqué le ministère kirghiz de l'Intérieur dans un communiqué.

Par ailleurs, l'incertitude demeurait sur l'endroit où se trouvait le président déchu du Kirghizistan, Kourmanbek Bakiev, deux semaines après le soulèvement populaire qui a fait 85 morts et provoqué sa chute.

M. Bakiev était arrivé jeudi au Kazakhstan voisin où il a remis sa démission après des négociations coordonnées par la Russie et les États-Unis en vue d'apaiser les tensions au Kirghizistan.

Lundi, un porte-parole du ministère kazakh des Affaires étrangères a indiqué que M. Bakiev avait quitté le pays, ajoutant ne pas connaître sa destination.

Le nouveau gouvernement intérimaire kirghiz a fait savoir que M. Bakiev devrait être traduit en justice à la suite des sanglants affrontements au début du mois à Bichkek.