Après huit jours de deuil national pour le président Lech Kaczynski et les autres victimes de la catastrophe aérienne de Smolensk, la Pologne se tourne vers l'avenir et prépare l'élection présidentielle.

Les Polonais défilaient encore lundi matin dans la crypte de la cathédrale du Wawel à Cracovie (sud), pour s'incliner devant le sarcophage du président Kaczynski et de son épouse, inhumés dans ce panthéon des héros nationaux. Quelque 150 000 personnes ont assisté dimanche à leurs funérailles.

Mais certains commentateurs se projettent déjà vers l'avenir.

«Le temps du deuil prend fin. La politique est de retour en Pologne, et avec elle des conflits et des querelles», a écrit l'hebdomadaire Newsweek dans son édition polonaise.

Le calendrier électoral est déjà tracé. Le premier tour de la présidentielle devra se tenir le 20 juin, et un éventuel second tour deux semaines plus tard, selon les dispositions légales, même si le président par intérim Bronislaw Komorowski a repoussé au 21 avril l'annonce officielle de ces dates.

Tous les candidats potentiels ont jusqu'au 26 avril pour se faire connaître auprès de la Commission électorale nationale, a précisé lundi à l'AFP un responsable de la Commission.

M. Komorowski, aussi président de la Diète (chambre basse), va s'y présenter naturellement puisque la Plateforme civique (PO, libérale) au pouvoir l'avait déjà désigné comme candidat pour le scrutin présidentiel initialement prévu à l'automne.

Il y aurait affronté vraisemblablement le président Lech Kaczynski. La question cruciale est de savoir si son frère jumeau, Jaroslaw Kaczynski, chef du principal parti d'opposition Droit et Justice (PiS, conservateur), se portera candidat à sa place.

«Je suis convaincu que Jaroslaw Kaczynski présentera sa candidature», déclare à l'AFP Stanislaw Mocek, politologue à l'Académie polonaise des sciences.

«D'une part, il voudra appliquer le testament de son frère défunt, achever son oeuvre», explique-t-il. «Et d'autre part, son parti PiS n'a pas d'autre candidat de taille suffisante pour affronter Bronislaw Komorowski», favori dans les sondages avant la catastrophe de l'avion présidentiel.

Selon M. Mocek, «le respect manifesté massivement au président Kaczynski durant cette semaine de deuil peut se traduire par un regain de popularité du parti conservateur de son frère jumeau».

Mais, souligne-t-il, cette popularité peut tout aussi bien continuer à graviter autour de 25% que représentent les sympathisants du PiS, très actifs durant le deuil national.

De son côté, le parti social-démocrate SLD (opposition post-communiste), qui se cherche toujours une nouvelle identité, a perdu dans la catastrophe de Smolensk son candidat à la présidence, Jerzy Szmajdzinski.

Troisième force politique en Pologne, le SLD, resté beaucoup plus discret que les conservateurs pendant cette semaine de deuil, «bénéficiera sans doute de la compassion des Polonais, pour améliorer sa cote de popularité», estime M. Mocek.

Les obsèques des autres victimes de la catastrophe, pour la plupart de hauts responsables politiques et militaires, se poursuivent en Pologne.

Le gouverneur de la banque centrale Slawomir Skrzypek, le chef du Comité olympique polonais Piotr Nurowski, et le dernier président polonais en exil à Londres à l'époque communiste Ryszard Kaczorowski devaient être inhumés lundi à Varsovie.