Le nuage de cendres causé par un volcan en éruption en Irlande a prolongé jusqu'au week-end la paralysie du trafic aérien dans une bonne partie de l'Europe, clouant au sol des millions de voyageurs dans le monde.

Après avoir provoqué la fermeture de huit espaces aériens jeudi, l'épais panache de fumée que le volcan a continué de lâcher vendredi ont contraint plusieurs pays à prolonger la durée d'application de la mesure: jusqu'à samedi 12h00 GMT au Danemark (08h00, heure de Montréal), 04h00 GMT aux Pays-Bas (00h00, heure de Montréal), 08h00 GMT en Belgique (04h00, heure de Montréal)et 12h00 GMT dimanche en Finlande (08h00, heure de Montréal).

Les trois aéroports parisiens de Roissy, Orly et du Bourget ainsi que onze autres aéroports français seront fermés jusqu'à 14h00, heure locale (08h00, heure de Montréal) samedi.

La majeure partie de l'espace aérien britannique sera fermée jusqu'à samedi 12h00 GMT (08h00, heure de Montréal), ont annoncé vendredi soir les services britanniques du contrôle aérien (NATS), espérant une reprise temporaire du trafic entre 03h00 GMT et 09h00 GMT dans le nord de l'Angleterre (entre 23h00 et 05h00, heure de Montréal), en particulier à Manchester et Liverpool.

En Allemagne, le trafic a été interrompu au moins jusqu'à 06h00 GMT samedi (02h00, heure de Montréal) dans les 16 aéroports internationaux et Lufthansa a annulé tous ses vols prévus en Allemagne jusqu'à samedi midi (06h00, heure de Montréal).

Le trafic aérien a également été totalement ou partiellement interrompu dans les pays baltes, la République tchèque, l'Autriche, la Hongrie, le nord-ouest de la Roumanie, la Pologne dont Cracovie (située au sud du pays), où doivent converger dimanche des délégations aux obsèques du président Lech Kaczynski, tué dans un accident d'avion en Russie.

Cependant, une grande partie de l'espace aérien de l'Écosse et de l'Irlande du nord a rouvert en début de soirée vendredi, permettant la reprise des liaisons transatlantiques. L'espace aérien a aussi rouvert progressivement en Suède, et pour quelques heures seulement vendredi en Norvège.

«Si les prévisions pour demain (samedi) sont maintenues, alors le nuage de cendres concernera la Suisse et le nord de l'Italie, la Roumanie, la Hongrie, la Slovénie et la Croatie sur une ligne allant droit vers l'est», a estimé Kenneth Thomas, un expert de l'Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne Eurocontrol.

Le trafic aérien sera probablement perturbé pendant «plusieurs jours», a estimé l'association de gestionnaires de trafic aérien Canso, qui regroupe des sociétés de contrôle de trafic aérien.

La compagnie aérienne à bas prix Ryanair a annulé ses vols en Europe du nord et dans les pays baltes jusqu'à lundi 12h00 GMT «au plus tôt» (08h00, heure de Montréal), se fondant sur les prévisions météo du week-end. Sa compatriote British Airways a annulé ses vols de et vers Londres pour samedi. L'Allemand Lufthansa a annulé ses vols au départ et à l'arrivée des aéroports allemands jusqu'à samedi midi.

Les déplacements de millions de voyageurs ont été contrariés, en particulier au Royaume-Uni où s'achèvent ce week-end les vacances scolaires de Pâques.

«On est vraiment déçu (...) Mais mieux vaut être déçu que mort !», soupire Mme Cook, bloquée à Londres Gatwick et empêchée de partir avec son mari à Sainte-Lucie, aux Antilles, pour leur 30e anniversaire de mariage.

La compagnie Eurostar, qui a ajouté plusieurs trains jeudi et vendredi entre Londres et le continent, a prévu de faire de même samedi avec huit trains supplémentaires, et dimanche également.

La billetterie de la gare londonienne de St Pancras a été prise d'assaut vendredi matin par environ deux cents passagers privés d'avion.

«Nous sommes coincés ici, nous cherchons coûte que coûte à rentrer en Espagne. Nous allons tenter de prendre un ferry jusqu'à Calais, et louer une voiture pour regagner l'Espagne, mais il semble que les ferries aussi sont presque complets», a confié à l'AFP Erik Brommer, 37 ans.

Ironie du sort: le trafic aérien islandais était l'un des rares à être entièrement épargnés.

Par ricochet, des perturbations se font ressentir dans le monde. Eurocontrol a indiqué que sur les 300 vols prévus vendredi d'Amérique vers l'Europe, seuls 100 à 120 avaient pu être assurés dans la matinée. Des dizaines de liaisons ont également été annulées entre l'Asie-Pacifique et l'Europe.

L'éruption du volcan au sommet du glacier Eyjafjallajokull, dans le sud de l'Islande, ne montrait aucun signe d'accalmie. Des experts ont averti qu'elle pourrait durer au moins plusieurs semaines.

Aucune victime n'est à déplorer, mais les nuages de cendres peuvent limiter la visibilité et risquent également d'endommager les réacteurs des appareils, même si elles se situent à très haute altitude. De légers dépôts ont été observés en Écosse, sans que cela ne constitue un risque sanitaire sérieux.