Les chefs des trois grands partis britanniques, ont croisé le fer jeudi soir lors du premier débat télévisé jamais organisé au Royaume-Uni, devant des millions de téléspectateurs qui choisiront l'un d'eux comme leur prochain premier ministre à l'issue des prochaines législatives.

Placés côte à côte sur le plateau de la chaîne ITV à Manchester, face à une audience leur posant des questions, le premier ministre travailliste Gordon Brown a promis la «prospérité pour tous», le conservateur David Cameron le «changement» et le libéral-démocrate Nick Clegg «l'équité».

Après un début tendu, le débat s'est rapidement animé, chaque candidat n'hésitant pas à interpeller l'autre directement, voire à lui couper la parole, contrairement aux 76 règles strictes laborieusement établies entre les états-majors des trois partis depuis des mois. Le journaliste, cantonné à un rôle de modérateur, a dû intervenir à de nombreuses reprises pour interrompre les candidats.

Après une dizaine de minutes, M. Brown lançait une première pique à son principal opposant David Cameron, en tête dans les sondages.

«Vous ne pouvez pas retoucher votre politique comme vous retouchez vos affiches électorales», a-t-il lancé, en référence à une affiche controversée des Tories montrant un Cameron à l'apparence étrangement juvénile.

S'exprimant directement aux membres du public leur posant une question, les appelant parfois par leur prénom, les trois candidats ont défendu bec et ongles leurs programmes politiques dans des domaines comme l'immigration, la criminalité ou la réforme du système politique à la suite du retentissant scandale des notes de frais.

Un sondage en direct mené par la chaîne ITV donnait à Nick Clegg un net avantage auprès des téléspectateurs, avec 55% de bonnes opinions, contre une trentaine de points pour les deux autres candidats.

La chaîne Sky News, qui organisera le 2e débat, a elle aussi sondé un échantillon de 4.290 personnes. Après une demi-heure de débat, MM. Cameron et Clegg étaient à égalité avec 36%, devant M. Brown à 28%.

Les trois chefs de partis doivent se retrouver les 22 et 29 avril pour discuter de politique étrangère, puis d'économie.

ITV espérait que ce premier débat «historique», consacré aux questions de politique intérieure, rassemblerait une audience digne d'un match de football.

L'événement suscite un énorme intérêt. Un sondage ComRes pour The Independent/ITV publié jeudi a révélé qu'environ 65% de la population adulte du Royaume-Uni comptait regarder les trois débats, soit quelque 30 millions de personnes.

Et 50% d'entre elles --soit 15 millions de personnes-- ont indiqué que ces joutes verbales pourraient avoir une influence sur leur vote.

Le premier ministre sortant a reçu jeudi un renfort inattendu avec la publication dans le Daily Telegraph d'une lettre de 77 économistes du monde entier estimant que le projet conservateur de réduction du déficit public risquait de «replonger (le pays) dans la récession».

Le parti Tory a également mobilisé ses troupes sur le terrain, les invitant à organiser des «soirées de visionnage» avec voisins et amis «autour d'une pizza».

Le site de socialisation sur Internet Facebook a créé une page spéciale --qui comptait jeudi près de 40 000 «fans-- pour donner en direct la réaction des spectateurs. Ils diront s'ils sont d'accord ou non avec les propos des trois hommes et un graphique permettra de constater leurs impressions tout au long de la soirée.

Après moins d'une heure de débat, Nick Clegg semblait s'attirer les commentaires les plus positifs.