Jean-Marie Le Pen, figure de la vie politique et de l'extrême droite françaises, a annoncé lundi qu'il cèderait à la mi-janvier 2011, lors d'un congrès, la présidence du Front national (FN), lançant la course à sa succession pour laquelle sa fille Marine est favorite.

«Je ne serai pas candidat à la tête de cette formation que j'ai fondée il y a 38 ans», a annoncé M. Le Pen, âgé de 81 ans, à l'issue d'une réunion au siège de son parti à Nanterre, dans la région parisienne. M. Le Pen a également exclu une candidature à la présidentielle de 2012.

C'est une page de l'histoire politique française qui se tournera avec le retrait de M. Le Pen, élu pour la première fois député en 1956 -sous la IVème République- et cinq fois candidat à la présidentielle.

Jean-Marie Le Pen a fondé le Front national en 1972 et a connu ses premiers succès médiatiques et électoraux au milieu des années 80, avec un discours basé avant tout sur le refus de l'immigration, accusée de tous les maux, et l'insécurité.

Une notoriété accrue par ses multiples provocations racistes, antisémites ou négationnistes dans les medias, comme lorsqu'il qualifie les chambres à gaz nazies de «point de détail de l'histoire de la Seconde guerre mondiale».

«Je n'ai pas de regrets. Je n'ai ni remords, ni regrets, ni surtout de repentirs», a assuré lundi M. Le Pen.

Le vieux tribun connaîtra son heure de gloire en 2002 en se qualifiant au second tour de la présidentielle face au président sortant Jacques Chirac après avoir devancé le premier ministre socialiste Lionel Jospin. Ce qui provoquera une forte mobilisation dans la rue contre lui et la réélection de Jacques Chirac avec plus de 80% des voix.

Le FN a ensuite été éclipsé par une série de revers électoraux avant de revenir de manière inattendue aux élections régionales de mars où il a obtenu plus de 11% au premier tour, Jean-Marie Le Pen lui-même dépassant les 20% dans la région Provence-Alpes-Côtes d'Azur (sud-est).

Deux candidats sont d'ores et déjà déclarés à sa succession, les deux vice-présidents exécutifs actuels du FN : Marine Le Pen, 41 ans, fille du président, élue régionale dans le nord, et Bruno Gollnisch, 60 ans, vieux compagnon de route, élu régional dans le sud-est. Tous deux sont aussi députés européens.

Le nouveau dirigeant sera élu par les militants du parti, qui revendique «75 000 adhérents et sympathisants».

Marine Le Pen est donnée favorite. Elle partage avec son père les mêmes accents populistes, même si elle cherche à rendre le parti plus fréquentable en évitant les dérapages de son père et en se tenant à l'écart de l'extrême droite la plus traditionaliste, comme les catholiques intégristes.

Elle est d'ailleurs accusée par Bruno Gollnisch de vouloir adoucir la ligne politique du Front national, qui a empêché ce parti jusqu'à présent de nouer toute alliance électorale au niveau national.