La justice française va enquêter sur une vague de suicides à France Telecom, qui a mis sur la sellette les méthodes de gestion de son personnel par le géant français, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.

Le parquet de Paris a ouvert jeudi une information judiciaire pour «harcèlement moral» après la vague de suicides chez France Télécom. Cela signifie que l'affaire sera confiée à un juge d'instruction qui devra vérifier si elle peut déboucher sur des mises en cause judiciaires.

Cette enquête fait suite à la transmission à la justice en février d'un rapport de l'inspection du travail française mettant en cause la politique de gestion du personnel et une plainte du syndicat Sud PTT en décembre, a précisé cette source.

L'inspection du travail a en particulier analysé 14 cas de «suicides, tentatives de suicides et de dépression pathologique» liés selon elle à la politique globale du personnel et qui sont susceptibles d'une qualification pénale, a ajouté cette source.

En 2008 et 2009, le nombre de suicides de salariés de France Télécom s'est établi à 35, selon direction et syndicats. Selon un observatoire du stress créé par deux syndicats, 11 salariés se sont suicidés depuis janvier.

Ces morts ont mis en accusation les méthodes de management du géant des télécoms pour adapter un ancien monopole public, encore composé de 65% de fonctionnaires, au nouveau monde ultra-concurrentiel de la téléphonie et de l'internet.

L'inspection du travail pointe notamment «la politique de réorganisation et de management» menée depuis 2006 et souligne que les dirigeants de France Télécom ont été alertés «à maintes reprises (...) des effets produits sur la santé des travailleurs».

Le rapport met en cause les hauts dirigeants du groupe, dont l'ancien PDG Didier Lombard, dont la mise à l'écart est directement liée à cette vague de suicides.