La ville de Moscou se recueillait mardi à la mémoire des 39 personnes tuées dans le double attentat suicide la veille dans le métro de la capitale, alors que la pression montait contre les autorités russes critiquées pour leur politique de sécurité.

Des habitants venaient déposer des fleurs dans les stations de métro Loubianka et Park Koultoury, où les deux attentats commis lundi à une heure de pointe par deux femmes kamikazes ont fait également 73 blessés.

Une veillée de prière de l'Eglise orthodoxe à la mémoire des victimes était prévue à la mi-journée à la cathédrale du Christ-Sauveur, le plus grand édifice religieux de la capitale.

Au cours de cette journée de deuil décrétée par la municipalité, les drapeaux devaient être en berne et les chaînes de télévision et les théâtres devaient annuler leurs programmes de divertissement.

Alors que de nombreux policiers étaient déployés dans le métro, la presse russe accusait le gouvernement du premier ministre Vladimir Poutine de ne pas avoir réussi à prévenir ces attaques, attribuées par les autorités à deux femmes kamikazes liées à des groupes rebelles du Caucase du Nord.

«La réalité a mis fin aux illusions sur la sécurité au quotidien», estime le quotidien économique Vedomosti.

Car «au cours de ces dernières années, les autorités et les chaînes de télévision publiques (pro-Kremlin, ndlr) ont laissé croire aux Russes que le terrorisme était localisé dans le Caucase du Nord et ne menaçait pas les simples citoyens», constate le journal.

Moscou a été frappée plusieurs fois depuis les années 1990 par des explosions mortelles mais le dernier attentat d'ampleur dans le métro remonte au 6 février 2004. Il avait fait 41 morts et 250 blessés.

Or, ce qui s'est passé lundi «a montré que les autorités n'ont pas réussi à faire de progrès significatifs pour résoudre le problème du séparatisme dans le Caucase du Nord», renchérit le quotidien Vremia Novosteï.

Pourtant, «on a renforcé les lois contre les personnes accusées de terrorisme, on a changé la structure des organismes assurant la sécurité et augmenté leurs effectifs et on a créé le Comité national antiterroriste. Mais tout ça n'a pas pu servir de garantie contre le retour des terroristes à Moscou», déplore le journal.

Les attentats n'ont pas été revendiqués, mais l'«Emirat du Caucase», un groupe dirigé par le chef islamiste tchétchène Dokou Oumarov, avait appelé récemment à attaquer Moscou.

Le comité d'enquête du parquet russe a lancé un appel à toute personne ayant été témoin des attentats et mis en place une ligne téléphonique, soulignant que «toute information était importante» pour les enquêteurs, a déclaré le porte-parole du ministère public, Vladimir Markine, cité par l'agence Interfax.

Deux femmes et un troisième complice présumé sont recherchés, selon une source au sein des services de sécurité.

Une piste étrangère n'est pas exclue, a déclaré pour sa part lundi soir le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

«Nous tous savons très bien que des terroristes clandestins sont très actifs à la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan. Nous savons que plusieurs attentats y sont préparés, pour être perpétrés non seulement en Afghanistan, mais aussi dans d'autres pays. Parfois, ces itinéraires vont jusqu'au Caucase» russe, a-t-il estimé.

Pour sa part, la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a qualifié le terrorisme d'«ennemi commun». «Que l'on soit dans le métro de Moscou, le métro de Londres, un train à Madrid ou un immeuble de bureaux à New York, nous faisons face au même ennemi», a-t-elle affirmé à la chaîne canadienne CTV.