La Libye et l'Union européenne ont annoncé samedi la levée réciproque des restrictions à l'octroi de visas, mettant ainsi fin à la crise provoquée par l'interdiction suisse à des personnalités libyennes d'entrer dans l'espace Schengen.

Tripoli s'est empressé de qualifier l'annonce de l'UE de victoire sur la Suisse, dont les relations avec la Libye sont en crise depuis 2008. «La Suisse a été vaincue par cette mesure commune européenne», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué sur son site internet.

L'Espagne, qui assure la présidence de l'UE, a annoncé la levée des restrictions de visas Schengen pour des personnalités libyennes, dont le dirigeant Mouammar Kadhafi, dans un communiqué distribué par les Affaires étrangères libyennes à Syrte en Libye, en marge du sommet arabe.

«Les noms des citoyens libyens inscrits précédemment sur (la liste noire) de l'espace Schengen ont été définitivement supprimés», selon le texte.

Un haut responsable libyen s'exprimant sous couvert de l'anonymat a annoncé à l'AFP que son pays «salue le communiqué européen et lève immédiatement» l'interdiction d'entrée sur son territoire des ressortissants des pays de l'espace Schengen.

La crise diplomatique entre Berne et Tripoli est née de l'arrestation musclée à Genève en juillet 2008 d'un des fils de M. Kadhafi, Hannibal, sur plainte de deux domestiques pour mauvais traitements.

En guise de rétorsion, les autorités libyennes avaient, entre autres, détenu deux hommes d'affaires helvétiques dont l'un, Max Göldi, est toujours en prison où il purge une peine de quatre mois pour «séjour illégal» en Libye.

La Confédération helvétique, membre de l'espace Schengen, a alors décidé en 2009 de restreindre, pour l'élite libyenne, l'attribution de visas permettant d'accéder aux pays de l'espace Schengen, impliquant ainsi l'UE dans ce contentieux.

Tripoli avait répliqué en février en annonçant des restrictions de visas à l'encontre des ressortissants des pays de l'espace Schengen, provoquant la colère de plusieurs capitales européennes et finalement une médiation de Bruxelles.

Dans son communiqué, Madrid «déplore et regrette les problèmes et les ennuis engendrés par cette mesure (le liste noire suisse, ndlr) et espère que cet incident ne se répètera plus à l'avenir».

Elle souligne, par ailleurs, «son désir de préserver les bonnes relations entre la Grande Jamahiriya (libyenne) et l'UE, espérant conclure bientôt un accord cadre de partenariat», objet depuis 2007 de négociations.

Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero avait annoncé vendredi, à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles, que le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos se rendrait samedi en Libye pour tenter de mettre un terme au contentieux entre Tripoli et la Suisse.

La présidente de la Confédération helvétique, Doris Leuthard, avait dit s'attendre à ce que la crise diplomatique avec Tripoli soit rapidement réglée et que M. Göldi puisse prochainement regagner son pays.

L'avocat de Max Göldi a indiqué samedi à l'AFP qu'il n'y avait «rien de nouveau» concernant la situation de son client.