L'ambassadrice de Turquie en Suède, rappelée à Ankara après le vote au Parlement suédois d'une motion qualifiant de «génocide» les massacres d'Arméniens de 1915, retournera prochainement à son poste, a indiqué mercredi le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu.

Mme Zergün Korutürk «reprendra son travail cette semaine ou au plus tard au début de la semaine prochaine», a précisé le ministre sur la chaîne privée turque CNN-Türk.

Le Parlement suédois avait adopté le 11 mars une motion affirmant que «la Suède reconnaît le génocide de 1915 contre les Arméniens, les Assyriens, Syriaques et Chaldéens et les Grecs pontiques», en l'occurrence toutes les minorités chrétiennes vivant sur le territoire ottoman de l'époque.

Cette décision avait provoqué la colère de la Turquie qui avait rappelé pour consultations son ambassadrice à Stockholm.

M. Davutoglu s'est félicité de la position du gouvernement suédois qui a pris ses distances vis-à-vis de la motion «absurde» adoptée au Parlement de Stockholm et a souligné que la Suède était à la tête des pays européens soutenant une intégration de la Turquie dans l'Union européenne.

Le premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt avait présenté des excuses à Ankara, geste qualifié de «très positif» par son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier avait annulé un déplacement en Suède.

Le vote au Parlement suédois est intervenu une semaine après un vote similaire à Washington. Le 4 mars, une commission du Congrès américain a adopté une résolution non contraignante qualifiant de «génocide» les massacres d'Arméniens sous l'empire ottoman. Ankara a immédiatement rappelé son ambassadeur à Washington.

M. Davutoglu est apparu réticent à un prochain retour de l'ambassadeur turc à Washington, soulignant que les dossiers suédois et américains en la matière étaient différents.

«Les Suédois nous ont clairement présenté des excuses», a dit le ministre.

Les massacres et déportations d'Arméniens dans l'Empire ottoman sont controversés. Ils ont fait 1,5 million de morts selon les Arméniens, et de 250 000 à 500 000 selon la Turquie, qui récuse la notion de «génocide» reconnue notamment par Paris, Ottawa et le Parlement européen.