À l'heure où les médias du monde entier taillent à coups de hache dans le budget et les effectifs, ceux de Grande-Bretagne s'apprêtent à casser leur tirelire pour les législatives. Chaque organe de presse devra débourser environ 30 000 euros (41 000$ CAN) pour suivre la campagne des deux grands candidats.

Fixées au 3 juin, les élections nationales pourraient être avancées au 6 mai, jour de l'élection des conseils municipaux dans le royaume.

Le premier ministre sortant Gordon Brown, qui se présente pour la première fois aux élections et va tenter de décrocher la quatrième victoire consécutive du Parti travailliste, va faire payer à des journalistes triés sur le volet 13 000 livres sterling (environ 20 000 $CAN) pour suivre sa campagne, ou 595 livres (915 $CAN) par jour.

Son principal rival, le chef du Parti conservateur David Cameron, donné favori de l'élection, devrait bientôt dévoiler le montant qu'il entend faire payer aux journalistes mais ce devrait être équivalent ou supérieur à ce que demandent les Travaillistes.

«Ce n'est pas une somme importante pour un grand organe de presse, mais pour un plus petit, oui», souligne Bob Satchwell, directeur de la Société des journalistes, qui représente les médias britanniques. «Si le journal de la région d'un chef de parti voulait suivre ce dernier, cela lui coûterait presque un an de salaire d'un journaliste. Voilà l'ordre de grandeur à avoir en tête», précise-t-il.

La campagne ne devrait heureusement durer que trois semaines et demies, pendant lesquelles les candidats arpenteront le pays et prendront part à trois débats télévisés.

L'avantage, pour les partis politiques qui proposent des prix aux journalistes pour suivre leur campagne, est qu'il les gardent à portée de main, estime M. Satchwell. «Ils pensent qu'ils pourront mieux contrôler ce qui se dira» dans les médias, commente-t-il.

Le Parti travailliste assure ne faire aucun bénéfice sur les factures présentées aux médias, qui auraient été négociées avec ces derniers. «Nous allons probablement en être de notre poche pour la campagne, affirme même un porte-parole des Travaillistes qui a requis l'anonymat. Le parti a par ailleurs assuré que le premier ministre resterait disponible pour les journalistes ne payant pas pour le suivre en campagne.

Faire payer les journalistes pour suivre un candidat en campagne est une pratique courante en Grande-Bretagne comme aux États-Unis mais peu commune en Europe. En France par exemple, les journalistes voyagent gratuitement à bord des avions (souvent militaires) ou cars mis à leur disposition lors de déplacements en province du président, du premier ministre ou de ministres. Les médias prennent en revanche à leur charge les transports commerciaux comme l'avion, le train ou le car.