Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a menacé mardi d'expulser des milliers de travailleurs arméniens clandestins, dans une interview au service turc de la BBC.

Les résolutions votées récemment aux États-unis et en Suède pour qualifier de «génocide» le massacre des Arméniens en 1915 sapent les efforts de paix avec l'Arménie, a déclaré M. Erdogan, selon les extraits de cette interview sur le site web de la BBC.

«Ces gens-là se font du cinéma avec leurs résolutions et ils nuisent au peuple arménien également et tout ça mène à des impasses», a-t-il déclaré pendant une visite à Londres.

Évoquant les 100 000 Arméniens qui travaillent clandestinement en Turquie sans qu'Ankara s'y oppose, il a déclaré: «Alors demain, qu'est-ce que je fais? Si nécessaire, je leur dirai: Allez, rentrer chez vous (...) Je ne suis pas obligé de les garder dans mon pays».

Le vote de ces résolutions «ont malheureusement des conséquences négatives», a-t-il ajouté.

Poussés par la pauvreté, des milliers d'Arméniens -des femmes pour la plupart- se sont installés à Istanbul et y travaillent -essentiellement dans des travaux manuels ou comme gardes d'enfants ou femmes de ménage.

Le Parlement suédois a adopté le 11 mars, contre l'avis du gouvernement, une motion reconnaissant le génocide arménien de 1915. Ankara a immédiatement rappelé son ambassadeur pour consultation et annulé une visite en Suède de M. Erdogan.

De son côté, la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine a adopté le 4 mars, une résolution semblable, là encore malgré une mise en garde de la secrétaire d'État Hillary Clinton, amenant Ankara à rappeler son ambassadeur aux États-Unis «pour consultations».

Les Arméniens, représentés par une importante diaspora aux États-Unis et en Europe, font pression pour que soient reconnus comme «génocide» les massacres et déportations qui, entre 1915 et 1917, ont tué selon eux plus d'un million et demi d'entre eux.

La Turquie reconnaît qu'entre 300 000 et 500 000 personnes ont péri, non pas victimes d'une campagne d'extermination mais selon elle dans le chaos des dernières années de l'Empire ottoman.