Le nouveau président ukrainien Viktor Ianoukovitch a obtenu mercredi l'éviction de sa tenace rivale, le premier ministre Ioulia Timochenko, ce qui devrait lui faciliter la tâche pour la formation de son propre gouvernement et d'une majorité parlementaire favorable.

Le Parlement a adopté mercredi une motion de censure à l'encontre du gouvernement de Mme Timochenko, perdante de la présidentielle du 7 février, qui devra par conséquent quitter son poste de premier ministre, auquel elle s'accrochait depuis lors.

Un total de 243 députés ont voté en faveur de la résolution (un minimum de 226 sur un total de 450 députés était nécessaire), qui avait été examinée à la demande du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch.

Cette issue était prévisible après la désintégration mardi de la coalition qui soutenait jusqu'ici Mme Timochenko. Une trentaine de ses membres, dont sept du bloc Timochenko, se sont ralliés à M. Ianoukovitch et ont voté en faveur de son renvoi.

Une motion de censure se traduit par le limogeage du gouvernement, qui peut toutefois demeurer en poste le temps qu'un nouveau cabinet soit formé, selon la Constitution ukrainienne.

Mme Timochenko n'a pas immédiatement réagi à l'annonce du vote. Mais elle avait indiqué peu auparavant devant les députés qu'elle n'avait aucune intention de diriger le gouvernement par intérim.

«Si la destitution du gouvernement est votée, notre gouvernement quittera ses bureaux immédiatement. Notre force politique passera dans l'opposition au même instant», a-t-elle déclaré.

Mme Timochenko, connue pour sa combativité, s'en est par ailleurs prise une nouvelle fois au nouveau président, dont elle refuse depuis des semaines de reconnaître la victoire. «M. Ianoukovitch représente une menace (...) d'affaiblissement de l'indépendance de notre État», a-t-elle lancé.

Un haut responsable du par de M. Ianoukovitch, Mykola Azarov, a pour sa part accusé Mme Timochenko d'avoir ruiné l'économie nationale, aujourd'hui frappée de plein fouet par la crise économique mondiale.

«Les années de gouvernement de Timochenko resteront dans l'histoire de l'Ukraine comme l'exemple d'un échec unique dans absolument toutes les sphères de notre vie», a-t-il déclaré devant les députés.

Après le succès de sa motion de censure, le Parti des régions espère former rapidement une nouvelle coalition gouvernementale et mettre en place un nouveau cabinet.

Les négociations sur une nouvelle alliance «se poursuivent avec intensité» et «s'achèveront, je pense, dans les prochains jours», a assuré après le vote M. Azarov, dont le nom circule comme candidat au poste de premier ministre, tout comme celui de l'ex-président du Parlement Arseni Iatseniouk.

M. Azarov a par ailleurs estimé que le vote de mercredi laissait d'ores et déjà entrevoir la configuration de la future coalition.

Le Parti des régions a toutefois encore besoin de recruter des députés du groupe Notre Ukraine-Autodéfense populaire (NUNS), dont une partie soutient Mme Timochenko et l'autre son ennemi, l'ex-président Viktor Iouchtchenko.

Selon la loi, le groupe parlementaire NUNS ne peut rejoindre la coalition que si plus de la moitié de ses 72 députés, soit 37 personnes, approuvent cette décision. Mercredi, seuls 15 parlementaires de cette force ont voté pour l'éviction du gouvernement.

Si aucune nouvelle alliance ne se forme pas d'ici à 30 jours, le président Ianoukovitch a, selon la Constitution, le droit de dissoudre l'assemblée et de décréter des législatives anticipées.