Une question lancinante tourmentait la Belgique mardi au lendemain de la catastrophe ferroviaire de Hal, dans la banlieue de Bruxelles, qui a causé la mort de 18 personnes et fait des dizaines de blessés: «ce drame aurait-il pu être évité?»

La polémique sur les responsabilités n'a pas tardé à enfler, mettant aux prises le gestionnaire du réseau, Infrabel, la compagnie nationale l'exploitant, la SNCB, et ses agents.

Y a-t-il eu erreur humaine, panne technique ou combinaison des deux?

Même si le non respect d'un feu rouge par le conducteur du train se dirigeant vers le sud a été évoqué dès lundi par le gouverneur de la province du Brabant flamand, où s'est produit l'accident, la presse est unanime: si sa distraction a été fatale, la responsabilité du drame ne peut incomber au seul machiniste, pas plus que la «fatalité» ne peut être retenue comme principal facteur.

Et le soupçon général se répand qu'un sous-investissement dans la sécurité du réseau ferroviaire belge pourrait être autant à blâmer dans cette tragédie qu'une faute individuelle.

En effet, dès lundi soir le patron d'Infrabel, gestionnaire du réseau ferroviaire belge, Luc Lallemand, a souligné que le train incriminé n'était pas équipé du système automatique qui bloque tout convoi en cas de feu rouge.

Pour lui, la collision «aurait» donc «pu être évitée».

Du coup, l'entretien des voies par Infrabel n'étant a priori pas mis en cause, les regards se sont tournés vers la SNCB, la société exploitant le matériel roulant.

La SNCB a certes prévu d'équiper tous ses trains du système en question, -comme c'est déjà le cas chez des voisins comme la France- mais, sans doute pour des raisons budgétaires, ce n'est qu'en 2013 que le programme, lancé en 2005, devrait être achevé.

Son patron Marc Descheemaecker a tenu à rappeler que la SNCB avait eu quelques difficultés à mettre en oeuvre les normes éditées par l'Union européenne en la matière. «En 2005, nous avons opté pour notre propre système et décidé d'équiper tous les trains, mais cela ne peut se faire en une fois», a-t-il plaidé.

Pour le quotidien populaire flamand Het Laatste Nieuws, la réponse est claire: «on n'a rien appris de la catastrophe précédente», accuse-t-il à la Une, évoquant le drame survenu à Pécrot, le 27 mars 2001.

Deux trains étaient déjà entrés en collision frontale, faisant huit morts. En cause, une tragique incompréhension entre deux cheminots dont l'un ne parlait que le français et l'autre que le néerlandais.

La SNCB avait été trois ans plus tard condamnée au pénal pour homicides involontaires, avec défaut de prévoyance et de précaution, avec dommages et intérêts et amende à la clé. Et sommée d'améliorer les performances linguistiques de ses agents.

Traduisant leur émotion collective, des machinistes de la SNCB ont lancé mardi une grève surprise, largement suivie, en réaction à l'accident de Hal dans lequel l'un de leurs collègues est mort, ainsi que 17 passagers.

Les grévistes dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail, à l'origine selon eux de l'usure et de la fatigue qui peuvent mener à des accidents tels que la catastrophe de Hal.