Le ministre français de la Culture Frédéric Mitterrand a demandé que l'oeuvre de la chinoise Ko Siu Lan détournant un slogan de Nicolas Sarkozy soit raccrochée à la façade de l'École des Beaux-Arts de Paris dont elle a été décrochée par crainte d'«atteinte à la neutralité du service public».

La direction de la prestigieuse école d'art avait fait décrocher mercredi une oeuvre de cette artiste de 32 ans détournant le slogan du candidat Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007 «travailler plus pour gagner plus». Elle avait estimé que cela pouvait porter «atteinte à la neutralité du service public».

«Après avoir pris connaissance de l'incident (...), le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a demandé que l'oeuvre artistique soit réinstallée sur la façade de l'École des Beaux-Arts, et ce dans les délais les plus brefs compte tenu des contraintes matérielles nécessitées par cette opération», a indiqué samedi le ministère dans un communiqué.

L'oeuvre, installée dans le cadre d'une exposition qui présente à partir de samedi des oeuvres d'étudiants de trois écoles d'art, se compose de deux grandes bannières noires sur lesquelles sont inscrits en blanc les mots «gagner», «moins», «plus» et «travailler». Selon l'endroit où se trouvait le passant, il pouvait lire «gagner plus» ou «travailler moins».

L'artiste, qui a étudié plusieurs années en France avant de retourner en Chine, avait estimé que le décrochage de ses installations constituait «une censure très brutale».

«Frédéric Mitterrand m'a appelé en personne samedi après-midi pour me dire qu'il avait appris l'affaire hier et qu'il était vraiment +désolé+ de cette +histoire idiote+», a-t-elle raconté à l'AFP.

Ko Siu Lan avait été avertie du problème par un mail de la commissaire de l'exposition, Clare Carolin, du Royal College of Art de Londres, expliquant qu'elle avait été convoquée à une réunion avec le directeur de l'École des Beaux-Arts.

«Henry-Claude m'a dit que ton travail était trop explosif pour rester in situ et que certains membres de l'école et des personnes du ministère de l'Education s'en offusquaient déjà», écrivait Clare Carolin à l'artiste.

L'École des Beaux-Arts de Paris avait déclaré que l'artiste avait accroché son oeuvre à l'extérieur «sans que la direction de l'établissement en soit informée».