La Commission européenne juge que les objectifs fixés par la Grèce pour réduire son déficit sont «réalisables» mais «risqués», et va surveiller de façon inédite la mise en place de son plan d'économies, imposant au pays de prendre de nouvelles mesures à chaque écart de conduite.

Le gendarme budgétaire européen doit rendre officiellement mercredi son avis sur le «programme de stabilité» grec, détaillant les mesures que le pays veut mettre en oeuvre pour réduire son énorme déficit sur la période 2010-2013.

Mais déjà lundi, la Commission a dévoilé l'essentiel de son message.

«Le programme de stabilité (grec) a établi des cibles et des objectifs ambitieux», «réalisables», mais des «risques» pèsent sur leur mise en place, a indiqué lundi le commissaire aux Affaires économiques Joaquin Almunia.

«Dans nos recommandations (qui seront rendues publiques mercredi, ndlr), nous créons un processus de surveillance de la mise en place du programme, qui inclut la nécessité d'adopter des mesures additionnelles si certains de ces risques se matérialisent», a-t-il ajouté.

Le commissaire a précisé que l'exécutif européen n'avait «jamais mis en place auparavant un système de surveillance aussi détaillé et sévère».

«Nous n'accepterons pas les écarts sur le chemin de la réalisation de ces objectifs», a-t-il prévenu. «À chaque fois que nous verrons ou que nous percevrons des écarts (...) nous demanderons des mesures supplémentaires pour corriger ces écarts».

Il a dit «prendre note» du fait que les autorités grecques étaient «prêtes à adopter immédiatement des mesures additionnelles si, dans notre processus de surveillance, nous le leur demandons».

Le premier ministre grec Georges Papandréou a convoqué dimanche soir une réunion ministérielle pour étudier un calendrier précis de mesures, et a réitéré que les mesures prévues dans le plan gouvernemental seraient réalisés «sans délai», ont indiqué ses services.

Selon la porte-parole de M. Almunia, Bruxelles va demander aussi à Athènes «de détailler ce qui n'est pas suffisamment détaillé, et de préciser ce qui n'est pas suffisamment précisé en termes de calendrier d'adoption et de mise en place des mesures».

Le gouvernement grec a envoyé à la mi-janvier à la Commission son programme de stabilité destiné à sortir le pays de la crise.

Il vise à ramener le déficit public de 12,7% du Produit intérieur brut en 2009 à 8,7% en 2010 et moins de 3% en 2012, à travers toute une série de mesures d'austérité.

Tous les pays de l'UE doivent envoyer chaque année à Bruxelles un programme dit «de stabilité» ou «de convergence», dans lequel ils détaillent leurs objectifs à moyen terme en termes de finances publiques.

Mais le cas de la Grèce, qui a connu une explosion inquiétante de ses déficits, est particulier.

La Commission a ouvert au printemps 2009 une procédure pour déficit excessif contre Athènes.

Puis, jugeant que cet État n'avait mené «aucune action suivie d'effets» pour corriger ses déficits, elle a annoncé à l'automne qu'elle enclenchait la phase suivante de cette procédure, progressant vers la possibilité de sanctions.

Dans ce cadre, le gendarme budgétaire devrait donner mercredi quatre mois à Athènes pour atteindre des objectifs «très précis» de réduction de ses déficits, a indiqué la porte-parole de M. Almunia.

La mise en place de ces mesures «sera accompagnée mois par mois», avec «une surveillance renforcée», a-t-elle ajouté. Elle a précisé que la Grèce devrait soumettre un premier rapport pour le 16 mars, un second pour le 15 mai, puis un tous les trois mois.