Dominique de Villepin a affirmé vendredi ne pas avoir «l'ombre d'un doute» sur le fait que la décision de faire appel du jugement du procès Clearstream a été prise lors d'une «réunion» à l'Elysée.

L'ancien premier ministre a assuré détenir cette information «par des fonctionnaires de la présidence de la République» qui l'ont informé qu'il y avait «eu hier une réunion où cette décision a été prise», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision Canal+. «Le procureur (Jean-Claude) Marin s'est fait tordre le bras. Le procureur Marin ne voulait pas renvoyer devant un tribunal. Il l'a fait sous la pression de la présidence de la République», a ajouté M. de Villepin.

Le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a réagi à ces propos en affirmant n'avoir eu «aucun» contact avec le parquet depuis le jugement. «Cette décision d'appel (...), c'est le parquet qui l'a prise. Ce n'est absolument pas sous l'influence de Nicolas Sarkozy ou du ministère de la Justice», affirme-t-il dans une interview à parismatch.com.

Le parquet a annoncé vendredi matin qu'il fait appel de la relaxe de Dominique de Villepin prononcée jeudi par le tribunal correctionnel de Paris. Le procureur de la République de Paris Jean-Claude Marin estime «qu'il restait une part de vérité à faire émerger».

Le procès pourrait avoir lieu, selon lui, fin 2010 ou début 2011. «Le tribunal n'a pas tiré toutes les conséquences de tout ce qu'il a entendu, il reste encore une part de vérité à faire émerger, tout n'a pas été dit dans cette affaire», a jugé M. Marin sur Europe-1 moins de 24 heures après le jugement.

L'ancien premier ministre sera donc une nouvelle fois sur le banc des prévenus aux côtés de Jean-Louis Gergorin, 15 mois de prison ferme, et d'Imad Lahoud, 18 mois de prison ferme, qui avaient décidé dès jeudi de faire appel de leur condamnation. En revanche, le procureur ne compte pas faire appel de la relaxe du journaliste Denis Robert et de la condamnation de l'ancien auditeur Florian Bourges à quatre mois de prison avec sursis.

Jean-Claude Marin s'est défendu de faire appel pour le compte de Nicolas Sarkozy. «Je n'ai pas reçu d'instruction écrite. La décision de faire appel est ma décision», a-t-il assuré, en rappelant que «le ministère public ne fait pas appel pour des intérêts de particulier».