Faut-il aider la Grèce à résoudre sa crise budgétaire? La question constitue un casse-tête pour les Européens qui pourraient s'y résoudre si la situation empire mais hésitent à créer un précédent alors que l'Espagne et le Portugal sont à leur tour fragilisés.

«La Grèce n'est pas seule», a assuré vendredi la ministre française de l'Économie Christine Lagarde.

Mais «il n'y a pas de plan de sauvetage», a-t-elle réaffirmé.

Selon des informations de presse, l'Union européenne, la France et l'Allemagne en particulier, préparerait des mesures de soutien en faveur de ce pays confronté à une explosion de ses déficits et de sa dette.

Ce mécanisme pourrait, selon le quotidien français Le Monde, comporter des prêts bilatéraux d'États de la zone euro ainsi que le versement anticipé de subventions européennes, dont la Grèce est un gros bénéficiaire. Il n'existe pas de mécanisme prévu d'aide à un pays de la zone euro mais des soutiens bilatéraux ou concertés sont toujours possibles.

L'information a été officiellement démentie à Paris et à Berlin. Il «n'y a pas de préparatif de dimension institutionnelle», a déclaré le ministère allemand des Finances.

Le premier ministre grec Georges Papandréou a également nié l'existence d'un «plan B» à ses mesures d'austérité budgétaire prévues, sur lesquelles la Commission européenne doit donner son avis mercredi.

Mais une source diplomatique a cependant confirmé à l'AFP que les Européens «réfléchissent» au «plus haut niveau» à la façon de venir en aide à la Grèce.

«À l'intérieur de la zone euro, la solidarité peut jouer suffisamment pour régler» les problèmes financiers de la Grèce, a indiqué de son côté le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn, sans exclure que le FMI puisse «intervenir» si «on le (lui) demande».

La Grèce pèse d'un faible poids économique en Europe et ne représente donc pas un risque énorme en tant que tel. Mais il en va de la réputation de la zone euro, alors qu'une sortie de la monnaie unique d'un ou plusieurs pays, par effet de contagion, n'est pas considérée comme une option réaliste.

«Aujourd'hui, un plan de sauvetage n'est pas nécessaire», souligne néanmoins un fonctionnaire européen qui fait valoir que la première émission obligataire d'Athènes cette année «s'est bien passée». Un signe de confiance relatif des marchés, même si ces derniers demandent pour cela à l'État grec des taux d'intérêt beaucoup plus élevés que par le passé.

Pour les économistes, l'idée même d'un plan de soutien représente un vrai dilemme.

«Indiquer qu'il n'y aura pas de soutien, c'est faire courir un risque financier important au pays», explique Philippe Sabuco, économiste chez BNP Paribas, car les investisseurs vont continuer de réclamer une prime de risque élevée pour prêter de l'argent.

Mais en même temps, «annoncer un soutien explicite à la Grèce, c'est d'une certaine manière encourager un certain laxisme budgétaire», ajoute-t-il.

Une aide à la Grèce ne serait pas facile à justifier auprès des pays européens plus vertueux comme l'Allemagne qui ont mené des réformes, et de ceux en difficulté, qui taillent durement dans les dépenses publiques comme la Lettonie, l'Irlande, l'Espagne ou le Portugal.

«Il est impossible de justifier auprès des électeurs qu'on aide un autre pays afin que ce dernier puisse s'épargner les douloureux efforts d'adaptation qu'on a soi-même enduré», a prévenu le président de la banque centrale allemande, Axel Weber, l'un des dirigeants les plus influents de la Banque centrale européenne (BCE).