Les attaques à caractère raciste ont fortement diminué en Russie au cours de la dernière année. Les mouvements d'extrême droite ne sont toutefois pas moins dangereux pour autant. Ils ont simplement changé de stratégie. Leur ennemi No 1 est devenu l'État russe. Et pour le combattre, ils ont choisi le terrorisme.

Sur son épaule gauche, Vlad, début vingtaine, montre son tatouage, un aigle nazi. S'il partage «plusieurs points» de l'idéologie hitlérienne, le jeune militant de Vladivostok (Extrême-Orient russe) ne le crie pas sur tous les toits. Depuis quelques mois, les autorités russes ont intensifié la chasse aux néonazis.

 

Lorsqu'on lui demande s'il a déjà battu des travailleurs étrangers dans la rue, Vlad élude la question. «Les travailleurs migrants en soi, ils ne sont rien. Que l'un d'entre eux soit tué ou battu, ça ne fera pas en sorte qu'ils viendront en moins grand nombre en Russie. Ils sont la conséquence. La cause du problème, c'est notre État», a-t-il expliqué à La Presse, au début du mois de décembre.

Selon Vlad, la lutte pour assurer la «pureté du sang» russe passe désormais par les «actions terroristes». Il ne précise toutefois pas s'il est prêt à y participer lui-même directement.

En 2009, le centre Sova, une ONG qui étudie les mouvements racistes en Russie, a remarqué ce changement de cap chez les néonazis.

«Leur but est désormais de déstabiliser le pays. Ils veulent provoquer une révolution et, dans la foulée, prendre le pouvoir. On peut donc considérer que, maintenant, plus personne n'est en sécurité en Russie», a expliqué mercredi la vice-directrice de Sova, Galina Kojevnikova, lors de la présentation aux médias du rapport annuel de l'organisation.

Attentat revendiqué

En 2009, les mouvements d'extrême droite ont mis le feu à au moins cinq immeubles appartenant à différents corps policiers, selon Sova. Ils ont aussi revendiqué la responsabilité d'une cinquantaine d'autres incendies de même que l'attentat contre le train Nevski Ekspress, entre Moscou et Saint-Pétersbourg, qui a fait 26 morts à la fin du mois de novembre. Il n'a pas été prouvé que cette attaque d'envergure était l'oeuvre de Combat 18-Inguermanlandia, mais la déclaration du groupe néonazi démontre sa volonté d'être considéré comme terroriste.

En 2008, Sova avait recensé 110 meurtres à caractère raciste en Russie, principalement de ressortissants des ex-républiques soviétiques d'Asie centrale et du Caucase venus chercher du travail en Russie. L'an dernier, ce nombre est tombé à 71.

La baisse du nombre d'attaques racistes est aussi en partie due aux efforts des autorités, qui s'inquiètent plus des actions antigouvernementales de l'extrême droite que de son idéologie raciste.

Vlad et ses pairs ont d'ailleurs été touchés directement par l'intensification de la lutte contre leur idéologie. Le 6 décembre, le leader de leur groupe, l'Union des Slaves de l'Extrême-Orient, a été reconnu coupable d'incitation à la haine raciale et condamné à deux ans de prison avec sursis.