Londres et Dublin ont donné mercredi 48 heures aux partis protestants et catholiques d'Irlande du Nord pour débloquer les négociations de paix et éviter l'effondrement du gouvernement régional, après l'échec de deux jours de pourparlers marathon à Belfast.

«Nous voulons donner plus de temps» aux pourparlers, a déclaré le premier ministre Gordon Brown lors d'une conférence de presse à Belfast tenue conjointement avec son homologue irlandais Brian Cowen.

M. Brown s'est dit optimiste sur la possibilité de trouver un terrain d'entente d'ici vendredi mais les catholiques de Sinn Féin n'ont pas caché leur déception, laissant augurer de difficiles négociations dans les prochains jours.

Les deux chefs de gouvernement était arrivés lundi à Belfast afin de tenter de sauver les pourparlers qui tentent depuis des années de résoudre le différend sur le transfert de Londres vers Belfast des pouvoirs de justice et de police.

Ce sujet est le dernier obstacle à l'application des accords de paix de 1998 qui avaient mis fin à trente ans de violence en Irlande du Nord.

MM. Brown et Cowen ont donné 48 heures aux partis catholiques et protestants pour trouver un accord. «Si vendredi matin, il n'y a pas d'accord, nous publierons nos propositions», a ajouté M. Brown, précisant qu'il restera aux Nord-Irlandais à les approuver.

M. Brown a nié l'échec des discussions qui se sont poursuivies durant deux jours et deux nuits quasiment sans interruption. «Non, nous avons fait beaucoup de progrès... Les bases existent, en fait le chemin vers un accord existe», a-t-il ajouté avant de retourner à Londres.

M. Brown a estimé qu'un accord pourrait être présenté à l'assemblée régionale nord-irlandaise «début mars» pour une dévolution effective «début mai».

Les négociations à Belfast réunissent en particulier le premier ministre régional, le protestant Peter Robinson du Parti unioniste démocrate (DUP), et son vice-premier ministre, le catholique Martin McGuinness de Sinn Féin. Le ministre irlandais des Affaires étrangères Micheal Martin et le ministre britannique chargé de l'Irlande du Nord, Shaun Woodward, resteront à Belfast afin de faciliter les pourparlers, a indiqué M. Brown.

Le Sinn Féin s'est dit «profondément déçu» face à l'échec des négociations, accusant le DUP d'avoir été trop exigeant.

«Je pense que nous avons fait preuve d'une patience extraordinaire ces 18 derniers mois», a déclaré M. McGuinness, sans cependant réitérer la menace récemment prononcée de quitter le gouvernement régional biconfessionnel.

Le Sinn Féin entend mettre en oeuvre la dévolution le plus rapidement possible tandis que le DUP demande en préalable le démantèlement d'une commission chargée de superviser les marches régulièrement organisées par les loyalistes et considérées comme une provocation par les catholiques.

Les discussions s'étaient accélérées après la menace d'un effondrement du gouvernement à la suite d'un scandale politico-sexuel qui a éclaboussé Peter Robinson, poussé à provisoirement renoncer à ses fonctions tout en continuant à négocier avec Sinn Féin.

À Londres où elle est en visite, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a indiqué «suivre la situation de près» et avoir téléphoné aux différentes parties. Mme Clinton a pris son téléphone dès mardi «pour offrir son soutien, ses encouragements, et aussi donner son avis sur la meilleure façon d'arriver à un accord», a déclaré un responsable américain.