Voici les principales questions auxquelles l'ancien premier ministre britannique Tony Blair devra répondre vendredi, à l'occasion de sa déposition devant la commission d'enquête sur l'engagement britannique en Irak.

À quel moment Tony Blair s'est-il engagé auprès de George W. Bush à participer à une intervention militaire en Irak, sans résolution de l'ONU légalisant explicitement le recours aux armes? Selon plusieurs témoins, dont l'ex-ambassadeur britannique à Washington Christopher Meyer, Blair aurait promis son soutien militaire au président Bush dès avril 2002, lors d'une rencontre dans son ranch de Crawford (Texas, sud).

Son ancien chef de la communication, Alastair Campbell, a dit avoir vu des notes privées de 2002 où Blair assurait Bush que Londres «serait là» en cas d'intervention.

Blair a toujours dit s'être résigné à la guerre en 2003, une fois épuisés les efforts diplomatiques pour forcer Saddam Hussein à donner accès aux sites censés abriter des armes de destruction massive (ADM).

Tony Blair a-t-il gonflé ou manipulé les informations des services de renseignements sur la présence d'ADM en Irak, afin de mieux convaincre l'opinion et le Parlement britanniques de l'inéluctabilité d'une guerre?

Dans un dossier, en septembre 2002, le gouvernement affirmait que l'Irak possédait «sans aucun doute» des ADM, restées introuvables. Dans son propos liminaire, Blair affirmait que Bagdad pouvait déployer certaines armes en moins de 45 minutes.

La plupart des témoins ont assuré que les services de renseignements étaient authentiquement persuadés que Saddam Hussein disposait d'armes chimiques et bactériologiques, même si les renseignements étaient «parcellaires».

Selon l'ancien ministre des Affaires étrangères Jack Straw, la mention des 45 mn fut une «erreur».

Le principal conseiller juridique du gouvernement a-t-il subi des pressions pour mettre ses doutes en sourdine et déclarer qu'une guerre serait légale même sans deuxième résolution de l'ONU?

Le 7 mars 2003, l'Attorney General Peter Goldsmith estime qu'une intervention peut être justifiée juridiquement par le fait que Saddam Hussein bafoue la résolution 1441 votée par l'ONU en 2002, mais il recommande une deuxième résolution. M. Blair lui demande une réponse tranchée. Le 17 mars, Lord Goldsmith juge qu'une guerre serait «légale». Ce qu'ont contesté deux anciens conseillers juridiques du Foreign Office.

L'objectif était-il dès le début de renverser Saddam Hussein?

La menace des ADM présumées, et la défiance de Saddam Hussein, ont officiellement justifié la guerre selon M. Blair. Lors d'une interview à la BBC le mois dernier, il a toutefois reconnu que même s'il avait su que Saddam Hussein n'avait pas d'ADM, il aurait «employé et développé d'autres arguments» pour justifier la guerre.

Le feu vert tardif aux militaires a-t-il hypothéqué les préparatifs de guerre et empêché la mise sur pied d'un plan suffisant pour l'après-guerre?

Oui, selon l'ancien ministre de la Défense Geoff Hoon. Ce dernier a par ailleurs accusé Gordon Brown, ministre des Finances au moment de la guerre,  d'avoir refusé au ministère de la Défense des financements stratégiques. M. Brown s'expliquera devant la commission fin févier ou début mars.