Un journaliste britannique a été tué samedi dans l'explosion d'un engin piégé en Afghanistan, a annoncé dimanche le ministère de la Défense à Londres, un décès qui intervient quelques jours après celui d'une journaliste canadienne dans les mêmes circonstances.

Rupert Hamer, le correspondant du Sunday Mirror chargé des questions de défense, a été tué samedi dans l'explosion d'un engin artisanal, tandis qu'il accompagnait une patrouille américaine au nord-ouest de Nawa, dans la province méridionale d'Helmand, a annoncé le ministère britannique dans un communiqué.

Un autre journaliste de l'hebdomadaire dominical britannique, le photographe Philip Coburn, qui était avec lui, a été blessé et se trouve dans un «état grave mais stable», a précisé la même source.

Un soldat américain et un soldat afghan ont également été tués dans cette  explosion, toujours selon le ministère de la Défense. Quatre autres soldats américains ont été grièvement blessés.

M. Hamer est mort sur les lieux de l'explosion, malgré les efforts faits pour le réanimer. Selon le ministère britannique des Affaires étrangères, il serait le premier journaliste britannique tué en Afghanistan.

Il s'agit du second décès dans les mêmes circonstances d'un journaliste occidental en Afghanistan en une dizaine de jours, puisque, le 29 décembre, Michelle Lang, 34 ans, qui travaillait pour le quotidien Calgary Herald, avait été tuée au sud de Kandahar (sud) en même temps que quatre soldats canadiens, lorsqu'une bombe avait explosé au passage de leur véhicule blindé.

Evoquant les deux journalistes du Sunday Mirror victimes de l'explosion de samedi, le premier ministre britannique Gordon Brown s'est dit «profondément attristé par cette tragique nouvelle» et a salué leur «courage, talent, et dévouement» pour leur travail.

Agé de 39 ans et père de trois enfants, Rupert Hamer était entré au Sunday Mirror il y a 12 ans. Dans le cadre de son travail, il a voyagé dans plusieurs pays du Proche-Orient et d'Asie centrale, ainsi qu'à Oman, Bahreïn, en Irak et en Afghanistan.

Philip Coburn, 43 ans, exerce lui depuis huit ans au Sunday Mirror, et il a notamment couvert l'épisode de l'ouragan Katrina aux États-Unis.

Les deux journalistes s'étaient rendus en Afghanistan le 31 décembre et ils devaient y séjourner pendant un mois.

Rupert Hamer était «un journaliste expérimenté, très respecté et courageux qui avait travaillé en Irak et en Afghanistan en plusieurs occasions», a déclaré la rédactrice en chef du Sunday Mirror, Tina Weaver.

«Il s'agissait de son cinquième voyage en Afghanistan et il avait forgé une solide amitié avec nombre de soldats servant là-bas», a-t-elle ajouté.

Le journaliste, connu sous le surnom de «caporal-chef Hamer» dans son journal, avait produit à Noël un numéro spécial du Sunday Mirror à destination des troupes britanniques en Afghanistan, rempli de messages de leurs familles et proches, a souligné Mme Weaver.

Le ministre britannique de la Défense Bob Ainsworth a également rendu hommage aux deux journalistes, en disant éprouver une «grande tristesse».

«Rupert Hamer et Phil Coburn m'ont accompagné pendant mon dernier voyage en Afghanistan», a-t-il expliqué. «J'ai appris à les connaître et j'ai été impressionné par leur sens du travail et leur professionnalisme.»

Cet incident montre «les risques aussi encourus par les journalistes pour garder le public informé des événements sur la ligne de front», a ajouté M. Ainsworth.

Au total, 246 soldats britanniques ont été tués en Afghanistan depuis le début en 2001 de l'offensive occidentale pour chasser les talibans du pouvoir.