Le candidat de l'opposition sociale-démocrate, Ivo Josipovic, et le maire de Zagreb, l'indépendant Milan Bandic, s'affronteront au second tour de l'élection présidentielle croate, selon les résultats quasi-définitifs présentés dimanche par la Commission électorale.

M. Josipovic a obtenu 32,44% des voix tandis que M. Bandic a recueilli 14,84%, selon ces résultats portant sur 99,45% des bureaux de vote.

Le candidat du parti conservateur au pouvoir, Andrija Hebrang, est arrivé en troisième position avec 12,01% de voix. Douze candidats étaient en lice pour le premier tour.

Agé de 52 ans, membre du Parti social-démocrate (SDP), M. Josipovic est expert en droit pénal international mais aussi compositeur de musique classique. Décrit par des analystes comme un candidat ayant une «biographie propre», exempte d'affaires de corruption, ses détracteurs lui reprochent son «manque de tempérament» et d'expérience politique.

«Les résultats ont montré que la justice a gagné», a lancé M. Josipovic a ses supporteurs après l'annonce de la Commission électorale.

Il a appelé les Croates à voter au second tour «pour «la justice, pour une meilleure Croatie, pour la lumière et non pour l'obscurité».

M. Bandic, 54 ans, est maire de Zagreb depuis 2000. Il a été exclu du SDP après avoir présenté sa candidature en tant qu'indépendant.

La presse l'a accusé d'être impliqué dans des affaires de corruption, mais il n'a jamais eu de démêlés avec la justice pour de tels faits.

«La Croatie a besoin d'un président différent (...) ferme, compétent et libre de l'influence de tout parti politique», a déclaré M. Bandic, acclamé par ses sympathisants.

Le président sortant Stipe Mesic, qui a dirigé la Croatie depuis 2000 et a intégré le pays dans l'Otan en 2009, ne pouvait se représenter, la Constitution limitant à deux les mandats (5 ans chacun) du chef de l'Etat.

Dans cette «république parlementaire», le président partage les pouvoirs avec le gouvernement. Commandant suprême des forces armées, le chef de l'Etat a notamment des attributions en matière de politique extérieure et dans la nomination des dirigeants des services de renseignement.

La mission du vainqueur de la présidentielle sera d'intégrer dans l'Union européenne, avant 2012, un pays en proie à une grave crise économique et dont l'image est ternie par des scandales de corruption à un niveau élevé dans les entreprises et l'administration.

Il devrait épauler le gouvernement conservateur en place qui a commencé à s'y attaquer sous l'oeil vigilant de Bruxelles, l'Union européenne ayant fait de la lutte contre ce fléau un des critères-clés à remplir par la Croatie avant son adhésion à l'UE.

Ces pourparlers d'adhésion ont repris en octobre, après avoir été bloquées pendant près d'un an par la Slovénie voisine en raison d'un différend frontalier.

Le nouveau président héritera d'un pays en récession avec une économie qui s'est contractée de 5,8% au troisième trimestre 2009, poursuivant la tendance négative enregistrée au premier semestre (-6,5%). Le budget 2010 ne table que sur une croissance économique de 0,5%. En novembre, le chômage frappait 16,1% de la population active.

Plus de 4,4 millions d'électeurs, dont 400 000 de la diaspora, notamment en Bosnie voisine, ont été appelés à participer à cette élection présidentielle dont le second tour scrutin aura lieu le 10 janvier.