L'ancien président français Jacques Chirac doit être entendu «avant la fin de l'année» par un juge en vue d'une éventuelle inculpation dans une affaire d'emplois fictifs présumés dans son ancien parti, le RPR, a-t-on appris mercredi de sources proches du dossier.

M. Chirac, 77 ans, a déjà été renvoyé fin octobre devant la justice dans une autre affaire d'emplois fictifs présumés, à la ville de Paris, dont il a été maire de 1977 à 1995. Protégé pendant 12 ans (1995-2007) par sa fonction présidentielle, il sera le premier ex-chef d'État français à comparaître devant un tribunal. En 2007, M. Chirac avait déjà été entendu sous le statut de témoin assisté -un statut intermédiaire entre ceux de témoin et d'inculpé- dans l'affaire de présumés emplois fictifs au RPR (droite), l'ancêtre de l'UMP, pris en charge par la mairie de Paris.

Son audition «avant la fin de l'année» par le juge Jacques Gazeaux à Nanterre (ouest de Paris) pourrait déboucher sur une inculpation de l'ancien chef de l'État pour «prise illégale d'intérêt», selon ces sources proches du dossier.

Ce délit est passible de 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.

Ni l'entourage de M. Chirac ni ses avocats n'avaient pu être joints mercredi.

L'enquête avait été ouverte après une plainte de la mairie de Paris déposée en 1995. Elle concernait des versements de salaires à des permanents du RPR sous les mandats de M. Chirac à la mairie de Paris.

Le cas de M. Chirac avait été disjoint dans l'attente de la fin de son mandat présidentiel. Plusieurs condamnations ont été prononcées en 2004, notamment à l'encontre de l'ancien premier ministre Alain Juppé, qui cumulait les fonctions de secrétaire général du RPR et adjoint aux Finances lorsque M. Chirac était maire de Paris.

Retraité après plus de 40 ans de vie publique, M. Chirac est devenu très populaire en France. Il se consacre désormais à une fondation oeuvrant au développement durable et au dialogue entre les cultures.

Début novembre, il avait affirmé qu'il irait s'expliquer devant le tribunal «avec sérénité», n'ayant «rien à se reprocher», dans l'affaire des 21 emplois de complaisance présumés rémunérés par le cabinet du maire de Paris. Il sera jugé pour «détournements de fonds publics» et «abus de confiance».