Le président sortant d'Abkhazie, Sergueï Bagapch, a remporté l'élection présidentielle organisée samedi dans ce territoire séparatiste pro-russe de Géorgie, ont annoncé dimanche les responsables du scrutin, tandis que l'opposition a dénoncé des fraudes.

M. Bagapch a obtenu 59,4% des suffrages exprimés contre 15,4% pour son principal rival d'opposition, l'ancien vice-président Raoul Khadjimba, a précisé la commission électorale, citant les premiers résultats officiels.

Selon la loi, un candidat doit obtenir 50% des suffrages plus une voix pour être élu au premier tour.

L'opposition a dénoncé des fraudes massives. «Des irrégularités ont été constatées dans tous les bureaux de vote», a déclaré à l'AFP M. Khadjimba. «Je vais contester les résultats auprès de la Commission électorale et saisir les tribunaux», a-t-il ajouté.

Les résultats définitifs devraient être annoncés en début de semaine prochaine.

Ce scrutin était le premier depuis la reconnaissance par Moscou fin août 2008 de l'indépendance de l'Abkhazie, après la guerre russo-géorgienne pour le contrôle de l'Ossétie du Sud, autre territoire sécessionniste géorgien reconnu par la Russie.

La question de la domination russe sur cette région était au coeur de l'élection présidentielle, dénoncée comme une «farce» par Tbilissi.

Les cinq candidats en lice, dont le président sortant, rejetaient catégoriquement l'idée de la réunification avec la Géorgie.

Au cours d'une conférence de presse, M. Bagapch a promis de renforcer les relations avec Moscou, quelles que soient les réactions de la communauté internationale, qui avait condamné la reconnaissance par la Russie des deux territoires séparatistes géorgiens.

«Nous avons choisi notre voie, qu'elle plaise ou ne plaise pas aux États-Unis», a-t-il dit. Et d'ajouter: «L'Abkhazie ne fera plus jamais partie de la Géorgie».

Le président réélu espère que l'Abkhazie et la Russie vont continuer de réaliser ensemble d'importants projets économiques, parmi lesquels un gazoduc sous la mer Caspienne, qui relierait la Russie à l'Abkhazie.

M. Bagapch a toutefois observé qu'aucun responsable politique russe ne l'avait jusqu'ici félicité pour sa victoire.

Des responsables russes étaient en Abkhazie pour surveiller le déroulement du scrutin, mais Moscou n'a publiquement soutenu aucun candidat, contrairement à la précédente élection présidentielle.