L'Abkhazie, région séparatiste de Géorgie, élisait samedi son président, un peu plus d'un an après la reconnaissance de son indépendance par Moscou, alors que Tbilissi dénonce une «farce».

Quelque 131 000 personnes sont appelées à voter jusqu'à 17H00 GMT au cours de ce premier scrutin après la guerre russo-géorgienne d'août 2008.

À 12H00 GMT, la participation était de 40,7%, selon la commission centrale électorale de cette région du Caucase.

Les cinq candidats en lice, parmi lesquels le président sortant, Sergueï Bagapch, rejettent catégoriquement l'idée de la réunification avec la Géorgie, qui a condamné la tenue de ce scrutin.

«Ces élections sont une farce. Elles sont illégales», a déclaré samedi à l'AFP le ministre de l'Intégration, Temour Yakobachvili.

De son côté, le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, «regrette que l'Abkhazie soit tombée sous l'occupation totale de la Russie», a déclaré sa porte-parole, Manana Manjgaladzé.

Outre la Russie, seuls le Nicaragua et le Venezuela ont reconnu l'indépendance de ce territoire de 216 000 habitants, tandis que le reste du monde le considère comme une partie de la Géorgie illégalement occupée par des troupes russes.

L'Abkhazie cherche à montrer à travers cette élection qu'elle est prête à rejoindre la communauté internationale.

«Ce processus est une étape de notre nouvelle vie, notre nouvelle ère en tant qu'État indépendant», a déclaré à l'AFP Svetlana Kvartchia, une historienne de 54 ans, qui a affirmé avoir voté pour M. Bagapch.

Elle était parmi les électeurs qui se sont rendus au bureau de vote dans une école au centre de Soukhoumi, la capitale, dans un joli bâtiment blanc avec quelques palmiers devant l'entrée.

«C'est une personne qui fait avancer notre pays», a ajouté Mme Kvartchia en parlant du président Bagapch.

La question de la domination russe est au coeur de la présidentielle dans cette minuscule région aux paysages somptueux au bord de la mer Noire.

De vastes panneaux montrant M. Bagapch aux côtés du président et du premier ministre russes, Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine, sont installés un peu partout dans ce minuscule territoire au bord de la mer Noire, qui compte quelque 216 000 habitants.

De son côté, l'opposition représentée au scrutin par l'ancien vice-président Raoul Khadjimba et deux hommes d'affaire, Zaous Ardzinba et Beslan Boutba, critique les accords conclus avec Moscou l'an passé, comme celui cédant à la Russie le contrôle sur le chemin de fer abkhaze pour 10 ans.

Le cinquième candidat, Vitali Bganba, affirme ne soutenir ni le pouvoir actuel, ni l'opposition.

Une majorité de 50% plus une voix est nécessaire pour remporter l'élection. Si aucun candidat n'atteint ce seuil, un second tour doit être organisé dans les deux semaines.

Les détracteurs du régime affirment que cette démocratie est réservée aux Abkhazes, à l'exclusion des membres d'autres ethnies, car la Constitution exige que le président soit un Abkhaze, alors que ce groupe représente moins de la moitié de la population totale.

L'Abkhazie s'est séparée de la Géorgie lors du conflit de 1992-1993, qui a fait plusieurs milliers de morts.

La Russie a reconnu son indépendance après la guerre éclair d'août 2008 pour le contrôle de l'Ossétie du Sud, autre région géorgienne sécessionniste dont Moscou a reconnu l'indépendance.

Néanmoins, 83 observateurs internationaux venus d'environ 20 pays et représentant pour la plupart les organisations non-gouvernementales surveillent le déroulement du scrutin, selon les autorités abkhazes.