La dépouille de l'ancien président chypriote Tassos Papadopoulos, décédé il y a un an, a été dérobée dans la nuit de jeudi à vendredi près de Nicosie par des inconnus, a annoncé la télévision publique, un «crime odieux» qui a mis l'île de Méditerranée en émoi.

Selon l'agence de presse chypriote CNA, la profanation du cercueil et le vol du corps, dans le cimetière de Deftera, ont été découverts au petit matin par un des gardes dont la mission est d'allumer quotidiennement une bougie sur la tombe de l'ancien président. La famille de Tassos Papadopoulos s'est immédiatement rendue sur place, ainsi que le chef de la police, Michalis Papageorgiou, qui supervise l'enquête, a précisé CNA.

Un cordon de sécurité a été mis en place.

«Je ne peux imaginer quel type de personnage peut commettre un crime aussi horrible», a commenté Andros Kyprianou, chef du parti Akel (communistes) au pouvoir. Les proches de Tassos Papadopoulos n'ont fait aucun commentaire.

Le vol de la dépouille, qualifié de «crime odieux» par le Diko, l'ancien parti de centre-droit de Papadopoulos, intervient à la veille de la commémoration du décès de l'ex-président.

D'après CNA, l'office prévu samedi en l'église de Deftera, est maintenu.

Né en janvier 1934 à Nicosie, ce fumeur invétéré était mort le 12 décembre 2008 des suites d'un cancer du poumon.

Il avait été battu neuf mois plus tôt lors de l'élection présidentielle remportée par le communiste Demetris Christofias.

Durant son mandat de cinq ans, il avait été un défenseur intransigeant de la cause chypriote-grecque, face aux tentatives de résolution de la partition de l'île.

En 2004, Papadopoulos, avocat formé à Londres, était apparu en pleurs devant les caméras de télévision pour exhorter ses compatriotes à refuser le plan de réunification porté par le secrétaire général de l'ONU d'alors, Kofi Annan.

Peu après, et contrairement aux Chypriotes-turcs, les Chypriotes-grecs avaient rejeté ce projet, entérinant le statu quo sur une île divisée depuis l'invasion turque de sa partie nord en 1974 en réponse à un coup d'État d'ultranationalistes chypriotes-grecs prônant le rattachement à la Grèce.

Plusieurs centaines de personnes avaient assisté à ses funérailles à Nicosie le 15 décembre 2008, dont le premier ministre grec de l'époque, Costas Karamanlis.

«Il a été une figure de proue des Grecs de Chypre, qu'il a servis avec passion et dévouement», avait souligné M. Karamanlis.

Tassos Papadopoulos, chef du secteur de Nicosie lors de la lutte pour l'indépendance contre l'empire colonial britannique, avait été en tant que juriste l'un des quatre représentants chypriotes-grecs dans le comité de rédaction de la Constitution.

Plus jeune ministre, à 26 ans, de l'histoire moderne de Chypre, dès 1959, il a assumé plusieurs portefeuilles jusqu'en 1970 avant d'être élu député de 1970 à 2003, année où il avait conquis de justesse la présidence face à un autre vétéran de la politique chypriote, Glafcos Clerides.