La Russie honorait lundi la mémoire des 113 personnes mortes à la suite de l'incendie d'une boîte de nuit à Perm, tout en dénonçant le laisser-aller qui permet à ce genre de tragédies de se reproduire périodiquement dans le pays.

Les drapeaux des bâtiments officiels ont été mis en berne et les chaînes de télévision ont annulé leurs émissions de divertissement habituelles après la catastrophe survenue dans la nuit de vendredi à samedi dans le restaurant-club «Cheval boiteux» à Perm, une ville industrielle de l'Oural, à environ 1200km à l'est de Moscou.

La journée de deuil national avait été décrétée samedi par le président Dmitri Medvedev qui avait qualifié l'accident de «crime» survenu par la faute de gens «sans cerveaux, ni scrupules».

Le bilan a été revu en hausse lundi à 113 morts après le décès à l'hôpital d'une femme de 26 ans, a indiqué à l'AFP le service des Situations d'urgence à Perm. Le sinistre a également fait une centaine de blessés.

Le premier ministre Vladimir Poutine a annoncé lundi que les autorités avaient été chargées de procéder à des vérifications supplémentaires dans les salles de concert et de loisirs du pays.

Arrivé lundi soir à Perm, M. Poutine s'est rendu sur les lieux de la tragédie pour déposer une gerbe de roses rouges devant les ruines calcinées de la discothèque, ont rapporté les agences russes.

Il a également tenu une réunion avec les responsables locaux et le ministre russe des Situations d'urgence, Sergueï Choïgou, sur les mesures d'aide aux blessés, selon la même source.

«Ces événements tragiques ont rappelé, de la manière la plus cruelle, que la situation de la prévention contre les incendies en Russie est loin d'être bonne», a déclaré le premier ministre, lors de cette réunion.

«Il faut admettre que les mesures (prises dans le domaine anti-incendie) sont insuffisantes et inefficaces», a-t-il indiqué.

Plusieurs journaux comparaient cet incendie à une autre catastrophe survenue à peine une semaine plus tôt, l'attentat du 27 novembre contre le train reliant Moscou à Saint-Pétersbourg, qui a fait 26 morts.

«Pire que les terroristes», accusait le quotidien Vedomosti en titre de son éditorial. «Les terroristes ne font exploser leurs engins infernaux que de temps en temps. Mais l'irresponsabilité et la corruption nous menacent chaque jour».

«La situation en matière de sécurité anti-incendie en Russie est épouvantable. La plupart des bâtiments, non seulement en province, mais aussi dans de grandes villes, ne sont pas pourvus des installations nécessaires», déplore le quotidien Nezavissimaïa Gazeta.

L'incendie de Perm est le plus grave de ces dernières années en Russie, où les catastrophes dans des maisons de retraite, des établissements médicaux et des écoles sont fréquentes en raison de la vétusté des installations et d'une sécurité souvent défaillante.

En 2007, des incendies ont ravagé deux maisons de retraite près de Krasnodar (sud-ouest) et de Toula (près de Moscou), faisant respectivement 64 et 34 morts. L'année précédente, 46 personnes ont péri dans l'incendie d'un hôpital à Moscou.

Le sinistre de Perm est dû à des feux d'artifice tirés à l'intérieur de l'établissement, qui ont embrasé le décor en bois et le plafond. Le restaurant-club s'était déjà vu infliger deux fois des amendes pour non respect des normes anti-incendie.

Trois responsables de l'établissement ont été officiellement inculpés de non-respect des règles de sécurité-incendie, a indiqué lundi le parquet. Ils encourent sept ans de prison. Le directeur de la société pyrotechnique responsable du spectacle a été inculpé d'homicide par négligence.