Le primat de l'Église catholique d'Irlande va rendre visite cette semaine au pape Benoît XVI pour discuter avec lui du rapport accusant l'Église irlandaise d'avoir couvert les abus sexuels commis par des prêtres sur des centaines d'enfants pendant plusieurs décennies.

Le cardinal Sean Brady, plus haut responsable de l'Église irlandaise, a annoncé samedi sur la chaîne de télévision publique RTE qu'il se rendrait au Vatican avec l'archevêque de Dublin Diarmuid Martin pour expliquer au pape les conclusions du rapport et la réaction qu'il a suscitée au sein de la population.

«Nous allons lui dire ce qu'il y a dans le rapport (...) et nous espérons qu'ils nous aidera à y faire face», a déclaré le cardinal Brady.

Selon un rapport officiel publié le 26 novembre, fruit de trois ans d'enquête, l'Église catholique d'Irlande a couvert les abus sexuels commis par des prêtres de la région de Dublin sur des centaines d'enfants pendant plusieurs décennies.

L'archevêque de Dublin Diarmuid Martin a depuis exprimé ses «excuses», son «chagrin» et sa «honte». Le gouvernement a lui aussi présenté ses plus profondes excuses pour les défaillances de l'État.

«Je sais que de très nombreuses personnes sont en colère contre leur Église et leurs évêques aujourd'hui en Irlande, et à raison», a déclaré le cardinal Brady, en donnant l'exemple d'une des lettres qu'il lit «ces jours-ci», écrite par «une grand-mère qui a élevé six enfants dans le respect de l'Église»: «Elle m'a écrit: Que Dieu me pardonne d'avoir eu confiance en vous».

«Il est désormais temps d'agir, de rendre des comptes et de prendre nos responsabilité à propos de ce qui s'est passé», a souligné le cardinal Brady en s'adressant notamment aux «rescapés des abus» sexuels.

Le cardinal Brady et l'archevêque Martin s'étaient déja rendus à Rome en juin dernier après qu'un autre rapport révélait des abus sexuels, physiques et émotionnels sur des enfants, endémiques à partir des années 1930 dans des institutions pour enfants dirigées par l'Église catholique, accusée d'avoir gardé «le silence».

Le pape s'était à l'époque déclaré «bouleversé» par les conclusions du rapport, selon l'archevêque Martin.