La coopération de la Serbie avec le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie s'est renforcée ces derniers mois, mais l'arrestation des deux accusés encore en fuite reste à accomplir, a affirmé jeudi le procureur du TPI, Serge Brammertz.

«La coopération de la Serbie avec le Bureau du Procureur a continué de se renforcer», a déclaré M. Brammertz en présentant son rapport semestriel au Conseil de sécurité de l'ONU.

Il a appelé la Serbie à «poursuivre ses efforts en manifestant clairement sa volonté de retrouver et d'appréhender les fugitifs» encore recherchés par le Tribunal : Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, et Goran Hadzic, un ancien chef des Serbes de Croatie.

Le rapport de M. Brammertz est «positif», a estimé jeudi soir le ministre néerlandais des Affaires étrangères Maxime Verhagen, annonçant qu'il allait «discuter» avec ses homologues européens «de ce que cela signifie pour la prise de décisions concernant le processus d'intégration de la Serbie».

Les Pays-Bas refusent jusqu'ici de donner leur feu vert à l'application d'un Accord de stabilisation et d'association (ASA) signé en 2008 par la Serbie et l'Union européenne sans une «pleine coopération» de Belgrade avec le TPI.

L'unanimité des 27 pays de l'UE est requise pour l'entrée en vigueur de l'ASA, première étape vers une adhésion à terme de la Serbie à l'Union européenne (UE).

Une proposition de dégel d'un accord intérimaire de libre-échange entre la Serbie et l'UE, en attendant le déblocage de l'ASA, est à l'ordre du jour d'une réunion des ministres des Affaires étrangères la semaine prochaine, à Bruxelles.

Elle ne fait cependant pas encore l'objet d'un accord unanime des 27 Etats membres de l'UE, selon une source diplomatique.

L'arrestation de Ratko Mladic est considérée par la communauté internationale comme le meilleur moyen de prouver sa bonne volonté pour la Serbie, dont le rapprochement avec l'UE est dans la balance.

«Les Pays-Bas veulent que l'Union européenne soutienne le plus possible le travail du procureur et encourage la Serbie à bien coopérer avec le Tribunal», a souligné Maxime Verhagen : «pour cela, la pression doit être maintenue».

Le procureur du TPI commentera son rapport devant le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE, qui se tient lundi et mardi à Bruxelles, selon la même source.

Le procureur Brammertz a souligné que les demandes adressées par son bureau à la Serbie pour obtenir la communication de documents et l'accès aux archives «sont traitées plus rapidement et plus efficacement».

«Les intéressés travaillent à présent plus efficacement et de manière coordonnée. Un grand nombre d'actions, dont des opérations de recherche, sont actuellement menées», a-t-il poursuivi.

Le procureur a reconnu que «l'arrestation des accusés encore en fuite est le volet le plus délicat de la coopération avec la Serbie».

La présidence serbe a pour sa part salué jeudi soir un rapport «positif» et «objectif». «La Serbie fera tout pour trouver, arrêter et transférer à La Haye les deux inculpés» encore en cavale, a assuré le président serbe Boris Tadic.

Les Néerlandais restent traumatisés par l'impuissance de leurs Casques bleus à empêcher le massacre de musulmans bosniaques, en juillet 1995 à Srebrenica, pour lequel l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie a été inculpé.