Le premier ministre russe Vladimir Poutine, en esquissant jeudi des ambitions présidentielles pour 2012, montre qu'il garde en main les clés du pouvoir, le président Dmitri Medvedev, n'ayant aucune chance de lui faire de l'ombre, estiment des analystes.

Devant des millions de téléspectateurs, le chef du gouvernement russe a lancé : «Je vais réfléchir (à une candidature en 2012), j'ai encore assez de temps».

Il est ainsi allé un peu plus loin qu'en septembre, où il avait déjà suggéré qu'il pourrait se présenter, déclarant alors que M. Medvedev et lui ne seraient pas concurrents en 2012: «Nous nous mettrons d'accord parce que nous sommes du même sang et partageons la même vision des choses».

En n'excluant pas de récupérer le fauteuil présidentiel - qu'il avait transmis à M. Medvedev en 2008 étant obligé selon la Constitution de quitter le Kremlin - Vladimir Poutine a clairement signifié qu'au final, le nom du président russe est un choix qui lui revient.

Quelques minutes plus tard, le chef de l'État déclarait à son tour, là aussi comme en septembre, qu'il pourrait briguer un second mandat.

«Si Poutine n'exclut pas de se représenter, je ne l'exclus pas non plus», a-t-il déclaré à Rome, où il était en visite.

«Medvedev sort de plus en plus de l'ombre de Poutine», estime Alexandre Konovalov, président du Centre des évaluations stratégiques, pour qui une concurrence voilée pourrait se dessiner entre les deux hommes.

Pour les analystes interrogés par l'AFP, Vladimir Poutine, fort de sa popularité et de son influence, reste le patron même si M. Medvedev n'a pas non plus à rougir de ses résultats dans les sondages d'opinion.

«Il est clair que s'ils se présentaient tous les deux, c'est Poutine qui l'emporterait. Il reste le plus enraciné, c'est lui qui a le plus de soutiens financiers et économiques», note Alexandre Konovalov.

«Pour les gens de la rue, c'est Poutine qui est toujours le plus influent», renchérit Alexeï Makarkine, du centre des technologies politiques.

Les intéressés ont cependant pris soin de souligner une nouvelle fois que leur tandem se portait bien, et que travailler ensemble leur convenait parfaitement.

M. Poutine a ainsi loué une coopération»efficace», tandis que M. Medvedev soulignait qu'ils étaient «proches» et que dès lors, en ce qui concerne la présidentielle de 2012, il y aurait un «accord», une «décision raisonnable».

Le premier ministre, lui, a noté qu'à plus de deux ans de la présidentielle, «le plus grand danger consisterait à faire dépendre notre travail quotidien des intérêts de campagnes électorales à venir».

Et les observateurs semblent croire pour l'instant en la bonne entente du duo.

«Ce sont toujours des alliés qui disent ouvertement avoir une position concertée et qu'ils n'ont rien décidé pour 2012. Il ne faut pas s'attendre à une concurrence ouverte et publique entre eux», estime ainsi Alexeï Titkov du centre Carnegie de Moscou.