La nouvelle Commission européenne, dévoilée vendredi, comporte un zeste d'innovation avec un poste consacré à la protection du climat et une surprise potentiellement controversée avec l'attribution du poste stratégique des services financiers à un Français, Michel Barnier.

Principale nouveauté de l'équipe dirigée par le Portugais José Manuel Barroso, qui entame un deuxième mandat: la Danoise Connie Hedegaard va occuper un poste inédit de commissaire chargé de la lutte contre le réchauffement climatique.

Ministre chargée de ces questions au Danemark, elle a été largement impliquée dans la préparation de la conférence de l'ONU de Copenhague.

La nomination la plus sensible se trouve ailleurs: l'ancien ministre français de l'Agriculture et des Affaires étrangères Michel Barnier est porté au Marché intérieur (libre-circulation des biens et services dans l'UE) et gardera la haute main sur les services financiers, qui en Europe sont concentrés dans la City de Londres.

Cette dernière attribution a fait l'objet d'intenses tractations entre M. Barroso - resté jusqu'au bout réservé du fait des réticences du Royaume-Uni - et le président français Nicolas Sarkozy. Les deux hommes «se sont parlés longuement» jeudi à ce sujet, selon une source diplomatique.

Afin de rassurer les Britanniques, qui perçoivent la France comme étatiste et interventionniste, un garde-fou est prévu.

M. Barnier a accepté qu'un Britannique occupe un poste administratif clé dans ses services et M. Barroso lui a fixé un ordre de mission est clair: poursuivre la libéralisation du marché européen.

M. Barroso s'est pour le reste entouré de piliers de l'ancienne Commission pour les questions économiques, celles où Bruxelles a le plus de compétences.

Le Finlandais Olli Rehn a hérité du poste des Affaires économiques et monétaires. Il devra veiller à la réduction des déficits budgétaires des pays de l'UE, qui ont explosé avec la crise.

C'est un autre sortant, le socialiste espagnol Joaquin Almunia, 61 ans, qui va prendre en charge le poste de la Concurrence, redouté par les entreprises européennes et les gouvernements de l'UE.

MM. Rehn et Almunia sont tous deux considérés comme des fidèles de M. Barroso. Leur nomination traduit la volonté du Portugais de s'entourer de proches aux postes pivots pour son deuxième mandat, pour tenter de s'affranchir de la tutelle de Paris, Berlin et Londres.

La Belgique fait coup double quant à elle. Après avoir réussi à porter Herman Van Rompuy à la présidence de l'UE, Karel du Gucht, ancien ministre belge des Affaires étrangères, décroche le Commerce.

L'Allemagne, avec le conservateur allemand Günter Öttinger, a hérité du poste stratégique de l'Energie.

Globalement, la nouvelle Commission, qui prendra ses fonctions en février 2010, est nettement dominée par la droite avec 13 personnes issues des rangs conservateurs et huit libéraux, reflétant les rapports de force politiques actuels sur l'échiquier européen.

Les socialistes sont six mais ils héritent de postes cruciaux, dont celui de chef de la diplomatie de l'UE avec la travailliste britannique Catherine Ashton, déjà désignée le 19 novembre. Elle sera à ce titre vice-présidence de la Commission.

La Commission compte 27 membres, un par Etat de l'UE. Tous devront être confirmés après audition en janvier par le Parlement européen.

A ce sujet, M. Barroso a tenté de désamorcer une autre controverse naissante liée au passé communiste des commissaires tchèque et hongrois. «Je suis convaincu que ce sont des gens qui respectent nos valeurs de liberté», a-t-il dit.