Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a apporté un net soutien samedi au récent appel du président Dmitri Medvedev à moderniser en profondeur l'économie du pays, s'efforçant apparemment de récuser les rumeurs de dissensions au sein du tandem au pouvoir.

Dmitri Medvedev avait prôné le 12 novembre une modernisation «de fond en comble» de la Russie, et stigmatisé les méga-entreprises publiques apparues pour la plupart sous la présidence de Vladimir Poutine. Ce discours avait relancé les spéculations sur d'éventuelles divergences en coulisses entre les deux hommes.

Mais M. Poutine, dans un discours-fleuve au congrès annuel du parti au pouvoir Russie Unie, samedi à Saint-Pétersbourg, a ostensiblement abondé dans le sens du président.

«Je suis sûr que l'appel (à la modernisation) reflète l'envie de toute la société russe», a dit M. Poutine, volant la vedette du congrès par un discours de plus d'une heure face à des milliers de responsables, militants et personnalités russes ou étrangères comme l'ex-Premier ministre ukrainien Viktor Ianoukovitch.

«La crise, dans toute sa sévérité, a démontré quel prix cela peut coûter à un pays de rejeter l'innovation, d'avoir une faible productivité, de gaspiller ses ressources et d'avoir une bureaucratie lente», a déclaré le Premier ministre, qui est toujours largement considéré comme l'homme fort de la Russie.

«Le président a posé la question de la nécessaire modernisation de tous les aspects de l'économie russe: (il s'agit de) surmonter les retards chroniques et pousser le pays à un niveau de développement plus moderne», a-t-il ajouté.

M. Poutine a félicité Russie Unie d'avoir su empêcher la crise économique actuelle de dégénérer en débâcle financière du type de celle que la Russie avait subie en 1998. «Nous avons tenu cette promesse», a-t-il lancé, s'attirant les applaudissements de la foule.

Mais il a aussi reconnu que l'économie de la Russie allait se contracter de 8 à 8,5% en 2009: «Ce n'est pas autant que nous le pensions (...) mais c'est quand même beaucoup, et pire que dans nombre d'autres pays».

Il a également promis que le gouvernement continuerait de soutenir les entreprises en 2010 via des prêts garantis, évoquant un montant de 500 milliards de roubles (11,62 mds EUR).

M. Poutine, bien que président en titre du parti Russie Unie, ne figure pas parmi ses membres, pas plus d'ailleurs que Dmitri Medvedev. Celui-ci ne s'est néanmoins pas privé de critiquer sans détours son "arriération" et ses «intrigues» dans son discours.

Russie Unie détient 315 des 450 sièges de la Douma, la chambre basse du Parlement, et opposants et analystes comparent de plus en plus fréquemment son fonctionnement à celui du tout puissant Parti communiste du temps de l'URSS.

«Le parti doit se moderniser, devenir plus souple et ouvert, il doit apprendre à gagner dans une lutte ouverte», a lancé le président.

Ces critiques interviennent quelques semaines après un scandale sans précédent en Russie autour des élections locales du 11 octobre. Elles avaient été remportées haut la main par Russie Unie sur fond d'accusations de fraudes massives. Trois partis d'opposition avaient temporairement boycotté les séances de la Douma pour protester.

«Au bout du compte, la démocratie n'existe pas pour les partis, qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition, mais pour les citoyens», a insisté M. Medvedev.