Au premier plan, une femme au visage caché sous un niqab lance un regard sombre. Derrière elle se trouve un drapeau helvétique recouvert d'une dizaine de minarets noirs et d'un «STOP» écrit en grosses lettres.

«La femme a l'air d'une terroriste. Et les minarets rappellent des missiles. C'est de très mauvais goût», résume un Allemand résidant à Zurich à propos de l'affiche, publiée par les instigateurs de l'initiative populaire contre les minarets.

 

Même son de cloche de Daniela Tan, professeure de littérature japonaise, qui s'inquiète de l'image donnée à son pays par la consultation en cours. «Il faudrait cacher tout ça avec de la peinture. C'est une honte. Ce n'est pas une question de religion, mais une question de xénophobie», dit Mme Tan, qui s'attriste de voir que l'UDC réussit, par ses actions populistes, à obtenir un solide appui dans la population.

L'affiche n'est pas le premier coup d'éclat du parti, qui a l'habitude de générer la polémique. Il y a quelques années, il en avait publié une autre qui montrait des moutons blancs en train de chasser un mouton noir à l'aide d'un drapeau suisse, laquelle avait aussi suscité une levée de boucliers.

Cette fois, le tollé a été encore plus important. Au point d'amener plusieurs municipalités à carrément interdire l'affiche sur leur territoire. Les autorités zurichoises n'ont pas emboîté le pas pour «respecter la liberté d'opinion publique».

Plutôt que de s'engager dans une bataille juridique pour faire lever l'interdiction de l'affiche, les dirigeants du parti ont cherché à retourner la situation en leur faveur. Ils ont diffusé à certains endroits une affiche montrant le drapeau helvétique couvert du mot «censure».

La polémique a servi les intérêts de l'UDC, souligne le conseiller Ulrich Schluer, un des instigateurs de l'initiative. «Tout le monde a entendu parler de l'affiche avant même qu'elle soit posée», se félicite-t-il.

 

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La Suisse ne compte actuellement que quatre minarets.